« Je ne suis pas Madame Irma… Je n’ai pas de boule de cristal pour décréter quand acheter le blé ». C’est en marchant sur des œufs et en insistant sur l’imprévisibilité du lendemain que Mathilde Le Boulch, ingénieure d'études économiques à l’IFIP, a pris la parole lors de l’assemblée générale du Comité régional porcin Bretagne, le 30 juin 2022 à Plérin. Elle a d’abord rappelé que les tensions sur les marchés des matières premières étaient déjà présentes en amont : « Tous les stocks mondiaux, de maïs, de blé, de graines de soja… étaient en baisse ».
Aujourd’hui, l’Ukraine est dans l’incapacité d’exporter. Le quatrième exportateur mondial de céréales en 2020 - 2021 ne peut transiter par une mer Noire minée : « Il reste 20 millions de tonnes de céréales bloquées dans les silos en train de pourrir ». L’incapacité de l’Ukraine à exporter ses tourteaux de tournesol a engendré une hausse de la demande de tourteaux de soja et de colza – l’Ukraine représentait la moitié des exportations mondiales de tourteaux de tournesol. Pour les éleveurs, ces tensions ont conduit à un prix record de l’aliment sur le charcutier en mai 2022 : 364 euros la tonne contre 300 euros en janvier 2022.
Une opportunité de changement ?
Mathilde Le Boulch a relevé d’autres sources d’inquiétude en évoquant, par exemple, les engrais, dont le prix a été multiplié par 3,5 entre janvier 2017 et janvier 2022, selon les estimations de l’Ifip. Si le conflit perdure, prévient-elle, cela renforcera « les tensions sur les marchés, l’utilisation des stocks nationaux, la forte repolarisation des échanges et l’inflation ».
Le cours du porc, bien qu’en augmentation ces dernières semaines au cadran, « n’est pas optimal » reconnaît l’ingénieure de l’IFIP qui déplore une période difficile pour les éleveurs. Aussi, elle voit dans cette période trouble « l’opportunité de développer des cultures comme le colza, le tournesol ou encore le pois fourrager pour « optimiser les rations au moins cher ».