« Le panier anti-inflation est une fausse bonne idée », s’insurge la Fédération nationale porcine par voie de communiqué: « Nous pouvons comprendre que certaines personnes sont défavorisées, mais aujourd’hui, les produits de charcuterie sont à des prix très faibles et vendus moins chers qu’il y a un an », déplore François Valy, président de la Fédération nationale porcine (FNP). « Or, en France, 75 % du porc est transformé en charcuterie, ce qui rend la situation très difficile pour les charcutiers. Et, si aujourd’hui, la filière salaisonnerie française disparaît, ce serait au détriment des petits salaisonniers qui transforment en majorité du porc français. »

La porte-ouverte aux importations

Ce panier, « tire les prix vers le bas », estime Éric Thebault, le directeur de la FNP. « Nous y sommes hostiles car nous sommes en pleine période d’augmentation de la consommation de viande porcine et nous ne souhaitons pas voir nos prix bradés. Cela va renforcer la concurrence entre les enseignes et entraîner des prix toujours moins chers. Et le consommateur risque de se détourner du produit français, jugé trop cher. »

La FNP estime aussi qu’il faut réapprendre la valeur des produits aux consommateurs et ne pas laisser les distributeurs brader leurs produits, au détriment de l’amont de la filière. D’autant plus que, dans le panier anti-inflation, il n’y a pas que du produit français. « Certaines GMS ont une relation directe avec la production, via des filières contractualisées, et les autres distributeurs n’arrivent pas à suivre en terme de prix, ce qui entraîne une distorsion de concurrence », explique François Valy.

Le printemps signe la saison de forte consommation de viande de porc

« La consommation de viande porcine repart, mais reste stable aux alentours de 1,8 kg / an par habitant. Nous allons bientôt entrer dans une saison de plus forte consommation, dès ce printemps et à l’été. Cela doit se régler avec des prix rémunérateurs, car le prix production atteint aujourd’hui les 2 euros en raison de la hausse du coût des matières premières. Et ce, alors que nous sommes dans une phase de baisse de production de - 7 % en France, depuis le début de l’année et même dans tout le bassin européen de l’ordre de - 5 à 15 %. » En France, cette baisse est liée à des raisons économiques, les éleveurs ont de plus en plus de mal à investir sur du long terme et estiment qu’ils manquent de reconnaissance. Ce recul de la production est sensible sur l’ensemble du bassin européen : certains pays ont également réduit leur production comme l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas et certains bassins de production souffrent de l’impact de la fièvre porcine africaine qui n’est pas maîtrisée.

La FNP demande la mise en place d’un chèque alimentaire

Plutôt qu’un panier anti-inflation, la FNP recommande la mise en place du chèque alimentaire destiné aux personnes les plus défavorisées. Alors que le panier anti-inflation est proposé à tout le monde. En ciblant les populations les plus modestes, ce chèque alimentaire pourrait permettre d’acheter certains produits à l’identique des chèques restaurants qui se sont ouverts à d’autres achats comme les fruits et légumes frais. « Avec ce chèque alimentaire pour les personnes les plus défavorisées, cela coûterait cher certes, ce n’est pas simple à instaurer, mais au moins, ce serait ciblé juste et efficace. Et cela ne tirerait pas les prix vers le bas à l’amont de la filière porcine », conclut François Valy•