Quand l’euro est faible, l’aliment coûte cher

9 novembre 2022 - Justine Bonnery

La dépréciation de l’euro face au dollar favorise l’exportation des céréales européennes et pénalise le coût des importations notamment de soja qui se monnaye en dollar : c’est donc la double peine pour le coût de l’aliment.

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Depuis 1 an, l’euro a perdu 12 % de sa valeur face au dollar. Une tendance qui s’accélère car sur le dernier semestre le recul est de 8,5 % passant de 1,080 €/$ au 1er juin à 0,987 €/$ le 1er novembre. La parité a été atteinte 1 € = 1 $ le 1er août : une première depuis 20 ans. Et pas forcément une bonne nouvelle.

Quelle incidence pour les éleveurs de porcs ? Un coût alimentaire en hausse.

Karine Noutary, gérante de Avena, société de négoce de matières premières agricoles à Montauban, explique : « Cette dépréciation de l’euro face au dollar favorise l’exportation des céréales européennes et pénalise le coût des importations notamment de soja qui se monnaye en dollar. C’est donc la double peine pour le coût de l’aliment. »

Une nouvelle donne qui contribue à déstabiliser encore plus un marché des matières première déjà mis à mal : « Pour les céréales, blé, orge, maïs, la hausse est d’abord liée au conflit : les Russes bloquant la marchandise, les pays acheteurs en Ukraine se sont tournés vers d’autres pays producteurs dont l’Europe et la France. De plus, depuis le mois de juillet la France est d’autant plus compétitive à l’export que l’euro est faible, ce qui accroit la demande et génère une pression supplémentaire sur le prix. »

Plus l'euro est faible, plus le soja est cher

Pour le tourteau de soja, côté en bourse à Chicago, son tarif se négocie en dollar : la faiblesse de l’euro impacte directement son prix. « Ainsi plus l’euro est faible, plus le tourteau importé va coûter cher. Sans compter que l’augmentation du tourteau est accentuée par une demande plus importante due au fait que les graines de tournesol sont bloquées en Ukraine, il y a donc du report de consommation sur les tourteaux de soja. »

En résumé : les céréales voient leur cours augmenter sous l’effet du conflit russo-ukrainien qui limite l’offre ; cette hausse des cours est accentuée par la faiblesse de l’euro qui favorise les exportations. Pour les tourteaux, la hausse vient en premier lieu de la faiblesse de l’euro qui augmente le coût des produits importés, et est accentuée par le conflit qui limite l’offre en tournesol, et voit la demande se reporter sur le soja.

 

La parité €/$ n’est pas non plus sans incidence sur la compétitivité du secteur porcin français.  Lisez l’analyse de Nicolas Rouault, ingénieur agroéconomiste à l’Ifip et Karine Noutary, gérante de Avena, dans le prochain numéro de Porcmag, à paraître en décembre 2022.

 

©FF

Karine Noutary, gérante de Avena, société de négoce de matières premières agricoles à Montauban.

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