Rapport sur les nitrites : la Fict s’interroge
A la suite du récent rapport n° 3731 de l’Assemblée Nationale sur les sels nitrités dans l’industrie agroalimentaire, rédigé par trois parlementaires, la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs remet en doute l’objectivité des résultats.
« Analyse objective ou agitation politico-médiatique ? » La Fédération française des industriels charcutiers traiteurs (FICT) s’interroge. Pire, elle remet en doute l’objectivité du rapport n° 3731 rédigé par trois députés, Richard Ramos, Barbara Bessot-Ballot et Michèle Crouzet, à la suite duquel huit propositions ont été faites pour limiter les nitrites :
- Interdire l’utilisation des additifs nitrés dans la charcuterie à compter du 1er janvier 2023 pour les produits à base de viande, non traités thermiquement et à compter du 1er janvier 2025 pour l’ensemble des produits de charcuterie.
- Accompagner cette transition par la mise en place d’un fonds public destiné à soutenir l’adaptation des outils de production des transformateurs, en particulier artisans, TPE et PME.
- Prévoir pendant la période transitoire précédant l’entrée en vigueur de l’interdiction générale des additifs nitrés une limitation des quantités d’additifs nitrés pouvant être ajoutés dans les produits de charcuterie, en s’inspirant de l’exemple danois qui limite cette quantité à 60 mg/kg.
- Prévoir une entrée en vigueur plus précoce de cette interdiction dans la restauration collective scolaire, hospitalière, carcérale et médico-sociale.
- Apposer une mention sur les étiquetages des produits de charcuterie indiquant clairement, le cas échéant, que des additifs nitrés ont été utilisés pour leur fabrication et que l’utilisation de ces additifs est associée à un effet promoteur du cancer colorectal.
- Mettre en place un message à caractère sanitaire dans les messages publicitaires en faveur des produits de charcuterie et de salaisons fabriqués en ajoutant des additifs nitrés
- Considérer dès maintenant prioritairement la question des additifs nitrés, lors de la révision et ou l’adoption de cahiers des charges de filières sous SIQO concernées.
- Développer une stratégie nationale d’éducation au goût dans les écoles maternelles, primaires et les collèges.
« Le contenu confirme que le rapport semble en grande partie avoir été rédigé avant les auditions des parties prenantes, ce qui semble peu surprenant lorsque l’on sait que Richard Ramos est un adversaire déclaré des nitrites depuis plusieurs années », a déclaré la fédération. Selon elle, les conclusions ne sont pas en adéquation avec la réalité des auditions et estime même que certaines déclarations ont été passées sous silence comme celles de l’Anses, des Ministère de la Santé, de l’Agriculture et de l’Economie ainsi que celui du Président de l’Institut du Cancer.
Par ailleurs, elle ajoute qu’aucune étude scientifique n’a été réalisée pour évaluer les risques sanitaires liés aux nitrites. De son côté, l’OMS évoque des données scientifiques fondées sur une classification du Centre National de Recherche contre le Cancer (CIRC) qui estime que chaque portion de 50 g de viande transformée consommée quotidiennement augmente le risque de cancer colorectal d’environ 18 %. Si la Fict plaide en faveur de l’Anses pour que son avis soit pris en considération, elle réfute les conclusions de l’OMS : « Les bases scientifiques utilisées par l’OMS pour signaler l’existence d’un danger lié à la consommation excessive des viandes transformées et des charcuteries ont fait l’objet d’analyses récentes établissant un niveau de risque marginal pour le consommateur. »
Pour argumenter le fait que la viande ne représente un danger que lorsqu’elle est surconsommée, la Fict établit un parallèle avec le soleil que l’on sait être dangereux pour la peau. Pour autant, il n’est pas interdit de s’y exposer. Pour la viande, c’est pareil : « Doit-on interdire tous les aliments et les boissons qui, consommés en excès, présentent un risque ? », ironise-t-elle.
Un danger pour les entreprises françaises ?
La fédération tire la sonnette d’alarme. « Au regard des positions exprimées par l’Union Européenne, une interdiction en France ouvrirait la porte aux charcuteries de tous les autres pays contenant des nitrites et des nitrates », s’inquiète-t-elle et craint une concurrence déloyale pour les entreprises françaises.
Par ailleurs, elle rappelle que les risques liés aux nitrites présents dans près de 450 charcuteries sont presque supprimés lorsque celles-ci, et pas seulement le jambon, sont consommées avec d’autres aliments hors viandes. Elle rajoute que « les entreprises françaises travaillent sans cesse pour répondre à la demande des consommateurs. »