Pluie et sécheresse en alternance. A l’issue d’une campagne culturale mouvementée, la récolte 2020 des céréales à paille, du colza et du pois est de qualité mais les volumes sont en baisse cette année et les rendements hétérogènes. D’après un communiqué envoyé par Arvalis, FranceAgriMer et Terres Inovia début août, ces derniers vont du simple au triple selon les secteurs géographiques, quelle que soit l’espèce cultivée.
Concernant les céréales , les précipitations automnales abondantes et fréquentes ont rendu les conditions de semis difficiles voire impossibles. Avec un étalement inédit des dates de semis, le développement des cultures a été très variable sur le terrain. « Le manque d’eau au printemps a généré des stress hydriques et dégradé les conditions de valorisation de l’azote, mais a néanmoins limité la pression maladie, à l’exception d’attaques de jaunisse nanisante en particulier sur les orges de printemps », expliquent les instituts. Dans la plupart des cas, les récoltes se sont déroulées dans de bonnes conditions. Focus :
- Blé tendre : la moyenne nationale des rendements s’établirait à 68,3 q/ha selon le service de la Statistique et de la Prospective (SSP) du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, en recul de 4 % par rapport à la moyenne 2015-2019. La production atteindrait quant à elle 29,7 millions de tonnes (Mt), en baisse de 17 % par rapport à la moyenne quinquennale. Les teneurs en protéines moyennes régionales sont généralement supérieures à 11,5 – 12 %, sauf dans les Pays-de-la-Loire, en Normandie, en Bretagne et dans les anciennes régions Picardie et Champagne-Ardenne.
- Orges d’hiver : par rapport à la moyenne 2015-2019, les rendements sont en recul de 12 % et la production est estimée à 7 Mt, en baisse de 22 %.
- Blé dur : malgré une légère hausse des surfaces en 2020 (+ 2 % par rapport à 2019), venant enrayer une tendance baissière, les surfaces restent nettement inférieures à la moyenne 2015-2019 (- 25 %). Ainsi, la production, annoncée à 1,3 Mt serait en recul de 28 % par rapport à la moyenne quinquennale. Côté qualité, les teneurs en protéines sont correctes à bonnes, même très bonnes dans le bassin Ouest-Océan.
- Orges de printemps (récolte en cours lors de la réception du communiqué) : malgré des rendements estimés en baisse par rapport à 2019, la production devrait atteindre 4,3 Mt (+ 37 % par rapport à la moyenne 2015-2019), sous l’effet d’une hausse des surfaces de 52 % par rapport à la moyenne quinquennale. Du fait des nombreux semis de blé tendre et d’orges d’hiver qui n’ont pas pu être réalisés, les surfaces d’orges de printemps sont en hausse de 19 % par rapport à 2019.
Pour ce qui est du colza , si la surface cultivée en France atteint 1,1 million d’hectares comme l’an dernier, l’évolution est plus contrastée au niveau régional. « Le régime hydrique de l’automne et de l’hiver a, dans de nombreuses situations, altéré la qualité des enracinements rendant la culture moins apte à surmonter les attaques continues des ravageurs et plus sensible aux stress climatiques, analysent les instituts. La sécheresse marquée pendant la floraison n’a dans l’ensemble pas permis d’installer un nombre de siliques suffisant. Les maladies de fin de cycle ont pu localement perturber le remplissage des graines. » Ainsi, la récolte de colza est attendue à 3,3 Mt. Les teneurs en huile sont en moyenne meilleures qu’en 2019 et devraient être proches de 44 % de rendement aux normes.
Enfin, malgré des conditions d’implantation également difficiles en protéagineux , les surfaces sont en progression de 14 % par rapport à la moyenne quinquennale et s’établiraient autour de 300 000 hectares. Ceux-ci ont en effet partiellement bénéficié du report des surfaces non semées en céréales. Cependant, la baisse des rendements a limité la production nationale cette année. « En plus de la sécheresse du printemps, l’année 2020 se caractérise surtout par une très forte pression des ravageurs (sitones et pucerons), en particulier dans la moitié nord de la France, ce qui a réduit le potentiel des cultures », commentent les instituts. Globalement, les pois d’hiver ont mieux résisté.