« Oui aux mâles entiers, Non à la généralisation de la castration sous anesthésie ». Voilà la demande de l’association « Pour le Bien-être animal porcin et la non castration des porcs », créée le 10 novembre 2020, par vingt-cinq éleveurs unis pour défendre les intérêts de la filière porcine française. Le tout dans une démarche sociétale et en réponse à l’arrêté du 24 février 2020 d’interdire la castration à vif des porcelets.
Pour des porcs non castrés
« L’orientation ministérielle ne convient pas aux éleveurs parce qu’elle atteste que l’arrêt de la castration à vif se fera par une autre technique de castration : la castration sous anesthésie », déclarent les éleveurs dans un communiqué du 10 novembre 2020 . Jean-Jacques Riou, président de l’association, regrette que « même si l’esprit est bon, cet arrêté ministériel ne s’exprime pas clairement sur l’arrêt de la castration. » Et d’ajouter : « Cela signifie que nous, éleveurs, serions obligés d’injecter un anesthésique localement au niveau de chaque testicule vingt minutes avant la castration, en plus de l’antidouleur par voie intramusculaire. Inacceptable pour nous éleveurs! » Les membres de l’association sont fermes et dénoncent un coup de communication, sans aucun progrès pour le bien être des animaux, des éleveurs, et de l’image de la filière à travers la gestion de la douleur par l’acte de la castration. Jean-Jacques Riou et ses collaborateurs estiment que : « La castration sous anesthésie est un non-sens sociétal, un non-sens économique pour l’éleveur et le consommateur, un non-sens pour le bien-être animal, un non-sens pour le bien-être de l’éleveur et des salariés d’élevage et un non-sens environnemental ». A l’inverse, selon eux, la non-castration serait le premier facteur de bien-être et de santé, mais permettrait également d’obtenir une viande de meilleure qualité.
Des distorsions comme arguments
Si sur le papier, toute l’Europe respecte les mêmes règles, dans les faits la situation est tout autre. La filière porcine française doit faire face à la concurrence de ses voisins européens en termes notamment de montants compensatoires monétaires et de main d’œuvre détachée. C’est pourquoi l’association souhaite montrer que la filière porcine française a tout intérêt à arrêter la castration, qu’elle soit à vif ou sous anesthésie. Pour cela, elle avance que : « La distorsion aujourd’hui entre les éleveurs qui ne castrent pas et ceux qui le font est de 8 €/ Porc sorti élevage, sans pénalité de valorisation pour les transformateurs. Cette somme représente plus que le revenu moyen des éleveurs sur la dernière décennie. C’est donc un enjeu crucial pour toute notre filière et une possibilité de regagner de la compétitivité par rapport à nos voisins européens (espagnols, hollandais, allemand ...) qui pratiquent déjà cette production de mâles entiers. »
Dans ce sens, l’initiative propose que « le contrôle des odeurs dans les carcasses de porc soit géré par Uniporc Ouest dans tous les outils d’abattage. Il sera alors le garant de la qualité par la mise en œuvre de méthodes éprouvées et certifiées. » Et d’avancer que « cette orientation stratégique assurera l’unicité de la pesée, du classement, de la détection des odeurs et sera donc l’organe qui pilotera ce dossier. L’équité entre éleveurs et abattoirs sera alors préservée au travers de nos organisations existantes. » Dans ce cas, l’éleveur assumera les coûts de ces contrôles ainsi que les pénalités nécessaires à la valorisation des carcasses odorantes.
L’association appelle la France porcine à stopper tout recours à la castration et ne produire que du mâle entier. « Des solutions individuelles ne peuvent pas être trouvées », explique Jean Jacques Riou. Il dénonce une volonté des groupements de vouloir « trouver des arrangements avec quelques abattoirs et non tout un ensemble ». L’association dont il est le président invite donc les groupements à agir collectivement sous peine de voir les éleveurs les quitter pour vendre leurs porcs non castrés aux abattoirs preneurs tels que Cooperl, Holvia et JPA qui travaillent déjà du mâle-entier.
Enfin, pour que l’arrêt de la castration soit vraiment pris en compte et pour obliger les membres de la filière à la stopper réellement, l’association « Pour le bien-être animal porcin et la non castration des porcs » demande l’annulation de l’arrêté du 24 février 2020 autorisant les vétérinaires à prescrire aux éleveurs l’usage d’anesthésiants locaux pour la castration.