Modèles d’élevages et loi climat, la CIWF remet tout en cause
A quelques jours du débat sur la Loi Climat et Résilience à l’Assemblée Nationale, la CIWF s’attaque au projet de loi et propose ses solutions.
Protéger la santé de tous et l’environnement. Voici la mission que s’est donnée l’ONG CIWF. Alors que le débat sur la Loi Climat et Résilience à l’Assemblée Nationale doit avoir lieu le 29 mars prochain, l’organisation dénonce le fait que le sujet de l’élevage soit mis de côté par le gouvernement malgré sa position centrale dans l’enjeu climatique et propose des solutions pour améliorer la situation.
L’élevage intensif un danger ?
« Les systèmes d’élevages industrialisés, par leurs tailles et les densités d’animaux, leur dépendance aux protéines importées, ou encore la gestion des effluents, ont des impacts majeurs sur l’environnement : pollution de l’air, des sols et des eaux, perte de biodiversité, déforestation et surconsommation de ressources. Ils sont également incompatibles avec le respect du bien-être animal », avance l’ONG. Si elle évoque une perte de biodiversité en raison de la pollution provoquée par les effluents, on rappelera que le lisier est un engrais naturel réputé pour le développement des cultures. De plus, l'organisation ne semble pas savoir qu'une loi oblige les éleveurs à respecter des critères d’épandage en fonction de la taille de leur exploitation.
Vers un modèle vertueux
L’ONG n’est pas catégorique et reconnait que certains modèles d’élevages ont des impacts positifs « notamment sur la biodiversité et le stockage du carbone dans le sol ». Elle revendique plutôt des agissements contradictoires avec la question agroécologique : « Le projet de Loi Climat et Résilience était une opportunité de mettre l’élevage au cœur des enjeux climatiques en excluant la production intensive et en travaillant, comme le préconisait la Convention Citoyenne pour le Climat, sur la reconversion de l’élevage vers l’agroécologie et la restructuration des cheptels pour améliorer la qualité de la production. » Et d’ajouter : « Rien n’est mis en place dans ce sens ». Face à ce constat, la CIWF souhaite intégrer quatre mesures au volet « Se nourrir » de la Loi Climat et Résilience afin de « protéger la santé de tous et l’environnement » : 1) de la cohérence en augmentant la part des produits issus d’élevages agroécologiques en restauration collective, 2) de la transparence en expérimentant l’étiquetage des modes de production des produits issus de l’élevage, 3) de la responsabilité en interdisant progressivement certains modèles d’élevages, 4) en encourageant la population à réduire sa consommation de protéines animales. Autant de mesures qui sont déjà au cœur des débats depuis des années.
L’argument de la santé
La CIWF complète son propos en ajoutant que la viande est dangereuse pour la santé. Un argument qui fait mouche depuis quelques années, mais à mettre en perspective. Selon le Circ (Centre International de Recherche sur le Cancer) : « Chaque portion de 50 grammes de viande transformée consommée quotidiennement accroît le risque de cancer colorectal d’environ 18 %. Néanmoins, pour un individu, le risque de développer un cancer colorectal en raison de sa consommation de viande transformée reste faible. » Par ailleurs, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) révélait en 2015 qu’aucune étude n’avait prouvé que la consommation de viande rouge pouvait être une cause de cancer. Cependant, selon le Global Burden of Disease project (étude sur le thème de la maladie), si un lien était prouvé, il a été estimé que la consommation de viande rouge représentait environ 50 000 décès par cancer dans le monde chaque année, loin du million de morts en raison de cancers liés au tabac et des 600 000 décès liés à l’alcool.