Les joueurs de deux équipes choisissent chacun un des cinq thèmes présentés sous forme de cartonnettes : « bâtiments avec accès extérieur », « enclos extérieur sans bâtiment », « bâtiment mobile avec courette », « parcours libre » et « enclos mobile ». Chaque équipe doit trouver des solutions pour permettre aux cochons d’être en extérieur, dans la mesure du possible.
D’emblée, Mathilde, étudiante et qui se rêve en éleveuse de porcs, constate : « Le parcours libre me paraît compliqué à mettre en place ». Hélène, conseillère à la Cooperl, tranche : « Le bâtiment avec accès extérieur est plus réaliste et acceptable ». Adrien Montefusco, éleveur porcin en conventionnel dans le Finistère, participe également aux échanges et n’hésite pas à apporter son expérience.
Cinq thèmes principaux pour lancer les discussions
Une fois leur thème choisi – « bâtiment avec accès extérieur » –, l’équipe se penche sur une autre série de cartes : la toiture, l’enclos, le sol, la lutte contre le froid, l’enrichissement ou encore la lutte contre la chaleur. Le trio doit débattre pour imaginer la solution idéale à la question « Des cochons dehors, oui mais comment ? ». Pendant une heure, les idées sont débattues et les solutions adoptées par le trio sont dessinées sur le papier par les organisatrices.
Finalement, le dessin présenté par l’équipe se rapproche davantage d’« un bâtiment mobile avec courette ». Céline Tallet leur demande : « selon vous, le concept a-t-il été respecté ? ». Pour Adrien, l’esquisse finale « correspond sensiblement » au choix initial, à savoir « bâtiment avec accès extérieur ».
Quelques minutes plus tard, l’autre groupe, dirigé par Élodie Merlot, achève à son tour les pourparlers. Frédéric Masson, autre éleveur de porcs, a noté un risque de gadoue l’hiver si l’élevage est en terre, ainsi qu’un risque sanitaire. La possibilité d’ouvrir le bâtiment sur ses quatre côtés, la prévision d’un trou d’eau pour gérer la chaleur, de construire des arbres autour du bâtiment mais aussi la question de l’effectif / la taille de lot adaptée sur ce type d’installation a constitué quelques-uns des débats de l’après-midi.
« Ce jeu m’a montré malheureusement que certaines personnes sont déconnectées de l'élevage »
Lors de la construction du jeu, « une quarantaine de personnes ont réfléchi à une multitude de problématiques ». Après la partie, Cécile Tallet a énuméré la liste de ses créateurs : « Des architectes, des spécialistes du bien-être, des ONG, des consommateurs et des éleveurs se sont réunis » pour concevoir la mécanique et définir la centaine de cartes. « Au fur et à mesure, d’autres cartes pourront être ajoutées » a indiqué l’éthologue.
Si Frédéric Masson a jugé l’après-midi « intéressante », il a tiré des enseignements sans concession des discussions : « Ce jeu m’a montré malheureusement que certaines personnes sont déconnectées de l'élevage entre la théorie et la mise en place sur le terrain. Nous, les éleveurs, sommes confrontés à de multiples facteurs tant sur le sanitaire, la réglementation environnementale ou bien et ce qui est le plus important : l'économie. Certains types de bâtiments tels qu'ils nous ont été présentés ne sont pas applicables aujourd'hui ».
Il conclut : « Nous, éleveurs, sommes prêts à relever le défi du bien-être animal, en revanche, il faut nous en donner les moyens financiers par un prix rémunérateur et cohérent au niveau de la pénibilité ».