Démédication : les 4 actions de Damien Carton

29 novembre 2021 - Yannick Le Bihan

La démédication* est un sujet auquel Damien Carton, éleveur à Herzeele (59), est sensible. Parmi les actions qu’il met en œuvre au quotidien dans son élevage afin de réduire son usage d’antibiotiques, voici les quatre, par ordre de priorité, dont il a souhaité nous faire part.

1 - La vaccination pour prévenir les diarrhées en maternité

« Je l’ai mise en place en mai 2018. Comme il faut impérativement que les porcelets aient tous au minimum 18 jours d’âge lors de la vaccination, je le distribue en maternité dans les augettes (pour un porcelet : 2 mL de vaccin/ 100 mL d’eau et 4 mL de Resorb pour augmenter l’appétence de la solution vaccinale) aux 400 plus vieux porcelets le mardi avant sevrage et je vaccine les 50 autres par drogage le mercredi matin, jour du sevrage. Cela me prend une heure le mardi et il faut compter 15 minutes à deux le mercredi.
Avec ce protocole, j’ai relevé une réduction de 0,9 point de pertes en PS (3,2 % en moyenne sur 12 bandes avec antibiotiques vs 2,3 % en moyenne sur quatre bandes avec le vaccin) et une amélioration du GMQ21-70j d’environ 30 g/j (394 g/j vs 427 g/j).
Vacciner me coûte 1,16 €/porcelet. C’est plus cher qu’un traitement antibiotique, mais je m’y retrouve économiquement grâce aux meilleures performances et surtout c’est moins stressant, car ma crainte de subir des pertes en PS est moindre. Je vais vacciner encore quelques bandes, puis essayer d’arrêter. »

2 - Une eau acidifiée en PS

« Pour mettre le maximum de chances de mon côté afin que le démarrage en PS se passe bien, j’acidifie l’eau de boisson des porcelets à l’aide d’acides organiques durant les 28 jours suivant le sevrage, de manière à obtenir un pH de 4. Il est connu que cette technique joue favorablement sur la prévention des troubles digestifs et la consommation d’aliment des porcelets.»

« Pour cela, j’utilise le Vitacid de la société Vitalac. Cela me coûte seulement 0,17 €/porcelet. Le produit est distribué via une pompe doseuse (2 l pour 1 000 l d’eau) qui me permet de sélectionner les salles dans lesquelles je souhaite intervenir. Tous les 15 jours, je contrôle le pH de l’eau en sortie d’abreuvoir avec un pH-mètre pour m’assurer que le système fonctionne correctement. »

3 - Les bâtiments respectent une marche en avant

« J’ai toujours attaché de l’importance à l’organisation des bâtiments, en essayant d’anticiper les éventuels développements. L’élevage est passé de 70 truies naisseur-engraisseur à 50 % à 200 truies naisseur-engraisseur à 100 % entre 2005 et 2016. Les agrandissements ont été réfléchis pour être cohérents et notamment respecter la marche en avant.  Aujourd’hui, je possède quatre bâtiments d’élevage : « verraterie-gestante et maternités », « gestantes et PS », « engraissement », « quarantaine ». Les trois premiers ont été prolongés au fur et à mesure de l’augmentation du cheptel. Par ailleurs, toujours dans l’objectif de respecter de meilleures pratiques de biosécurité, j’ai par exemple créé des couloirs entre les bâtiments et au sein du bâtiment « engraissement » pour éviter d’arriver directement dans une salle en entrant dans ce dernier. »

4 -Une quarantaine indépendante

« J’ai investi dans une quarantaine neuve en 2018. Comme l’ancienne, il s’agit d’un bâtiment isolé des autres. Mais cette fois, l’entrée des cochettes se fait sur le côté extérieur de l’élevage. »

« Le camion n’entre donc plus sur le site lors des livraisons. De plus, l’intervalle entre les livraisons de cochettes a été allongé de six à neuf semaines pour que le camion vienne moins souvent. Cela me permet de limiter le risque d’entrée de pathogènes dans mon élevage et donc le recours aux antibiotiques, même si celui-ci est faible au vu du très bon statut sanitaire des élevages de multiplication. Ainsi, je reçois davantage de cochettes à chaque fois, mais il s’agit de deux lots d’âges différents. Par ailleurs, celles-ci passent désormais plus de temps en quarantaine, ce qui favorise leur adaptation et devrait permettre d’améliorer la stabilité du troupeau de truies vis-à-vis du SDRP. »

* Par démédication, nous entendons ici la réduction de l’usage d’antibiotiques. Les leviers d’action peuvent concerner des alternatives directes aux antibiotiques et plus largement des éléments de conduite d’élevage ou encore de biosécurité.

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