Santé et économie : l’antibiorésistance pourrait nous coûter cher

29 juin 2022 - Joshua Daguenet

Lors de son symposium monogastrique mi-mai regroupant près de 80 clients européens, les experts volailles et porcs du Groupe CCPA ont présenté les solutions pour assurer une baisse des antibiotiques en élevage tout en assurant performances et confort des animaux.

« Les antibiotiques, ce n’est pas automatique ». Il y a vingt ans, l’Assurance Maladie lançait ce fameux spot sanitaire ancré dans les esprits. S’il a eu l’effet escompté durant un temps, l’usage des antibiotiques a connu une recrudescence ces dernières années. Or, l’OMS a annoncé que l'antibiorésistance, encouragée par la consommation accrue des antibiotiques, pourrait causer à partir de 2050 la mort de 10 millions de personnes chaque année dans le monde. Elle serait alors la première cause de mortalité.

À l’échelle de l’élevage, la lutte contre l’antibiorésistance constitue un enjeu majeur. En 2006, l’Union Européenne a interdit le recours aux antibiotiques comme facteurs de croissance chez les animaux d’élevage pour les productions européennes. Les dernières règlementations ont été l’interdiction des usages en préventif des antibiotiques dans l’aliment en janvier et l’arrêt de l’oxyde de zinc thérapeutique ce mois-ci (26/06/22). Le minéral était distribué dans l’alimentation pour prévenir la diarrhée.  En parallèle, les usages d’antibiotiques en France ont baissé de plus de 80 % en porcs et 50 % en volailles.

« Entre 2009 et 2017, les usages d’antibiotiques destinés aux animaux d’élevage ont diminué de 63 % aux Pays-Bas », relève Anne-Sophie Valable, chef produit monogastriques à CCPA, en citant une étude menée par l’université néerlandaise de Wageningen. Cela n’a pas empêché le pays de conserver sa compétitivité en poulet devant l’Allemagne, l’Espagne ou encore le Danemark, avec, toutefois, un léger recul de la compétitivité sur le porc. Autre exemple, au Royaume-Uni, la baisse des antibiotiques est effective depuis près d’une dizaine d’années. Les Allemands et les Italiens ont réduit respectivement de 60 et 57 % leur utilisation au cours de la décennie écoulée. Concernant la France, la filière porcine a diminué de 79 % l’usage des antibiotiques entre 2007 et 2020 (contre 49 % en volaille).

Anne-Sophie Valable est spécialiste en nutrition et santé animales chez CCPA

Le facteur éthique pleinement intégré dans les modes de production

En 2019, 31 pays disposaient d’un plan national pour réduire l’usage d’antibiotiques. L’ANSES a estimé qu’entre 2007 et 2020 la quantité de prélémanges médicamenteux utilisés en France dans l’alimentation des porcs a été divisée par 4, passant de 600 tonnes à 140 tonnes.

Pour Anne-Sophie Valable, « les facteurs éthiques sont de nouveaux attributs pour la recherche d’un produit carné ». Les producteurs doivent s’adapter à un profil type de consommateur qui remet en cause les antibiotiques, les OGM et se clame défenseur du bien-être animal, de l’environnement tout en souhaitant une plus juste rémunération pour les éleveurs. Quant à la revue Challenges, citée par Anne-Sophie Valable, elle a décrété qu’en 2020, 4 Français sur 5 lient « alimentation et santé », contre seulement 1 Français sur 5 en 1950. Pour répondre à cette attente des consommateurs, les filières avec des cahiers des charges portant sur l’usage d’antibiotiques se sont multipliées. De nombreux acteurs se sont engagés dans cette démarche comme Terrena, la Cooperl ou encore Porc Armor.

Si la santé est la première raison de lutter contre l’antibiorésistance, la préservation de l’économie en est une autre : selon le rapport de la World Bank, « Drug resistance », publié en 2017 et présenté par CCPA, la résistance aux antimicrobiens pourrait faire chuter le PIB mondial de 3,8 % d’ici 2050.

Pour répondre à ce challenge en santé humaine et animale, le Groupe CCPA investit depuis plus de 10 ans. Les trois piliers de sa stratégie en porcs et en volailles sont : « la formulation des aliments sécurisés, la sécurité digestive avec les solutions ProActiv’, Oleostat en volailles et Immax en porcelets et enfin, l’expertise autour de la conduite d’élevage ».

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