Pacte Vert : la Commission Européenne durcit le ton envers les plus gros élevages

11 avril 2022 - Joshua Daguenet

La Commission Européenne durcit le ton. Son projet de directive, lié au « Pacte Vert » et présenté ce mardi 5 avril 2022, va contraindre les principaux élevages d'Europe à connaître de profondes mutations. Le tout vise à rendre l'activité économique non polluante.

La Commission Européenne signe et persiste. D'ici 2050, l'application du « Pacte Vert » doit conduire à la neutralité carbone, quitte à refonder le fonctionnement des élevages intensifs à grande échelle sur le continent européen. Une série d'objectifs a été officialisée dans ce sens et ces annonces risquent de provoquer quelques remous.

30 000 usines et 20 000 élevages contribuent pour moitié aux émissions d'oxydes de souffre, représentent également 40% des émissions de gaz à effet de serre ainsi que 30% des oxydes d'azote. Ces données figurent parmi la base de réflexion du « Pacte Vert », lancé en 2019 mais dont les prémices remontent au fameux Accord de Paris, établi le 12 décembre 2015.

Frans Timmermans, vice-président exécutif chargé du « Pacte Vert pour l'Europe », n'a pas hésité à pointer du doigt les principales exploitations du Vieux continent :

« D'ici à 2050, l'activité économique dans l'Union européenne ne devrait plus polluer notre air, notre eau et notre environnement au sens large. Les propositions présentées aujourd'hui permettront de réduire considérablement les émissions nocives provenant des installations industrielles et des plus grandes exploitations d'élevage européennes »

 

Paris pas convaincue par le projet de directive

Dans le secteur agricole, 13% des plus grosses exploitations d'élevage de bovins, de porcins et de volaille sont dans le collimateur de la Commission Européenne. Celle-ci entend lutter activement contre les émissions d'ammoniac et de méthane.

Pour autant, l'Institution se défend de répondre à une logique punitive. Au contraire, elle s'appuie sur quatre axes pour aider les élevages concernés à réaliser cette transition : favoriser la décarbonation, faciliter la permission des installations visant à lutter contre la pollution, encourager l'approvisionnement de matériel plus écologique et moins toxique, et enfin, promouvoir l'innovation en récompensant les précurseurs.

Ce projet de directive a suscité de nombreuses réactions. Julien Denormandie, le Ministre de l'agriculture, a regretté sur son compte twitter des propositions qu'il a jugées éloignées de la réalité du terrain :

« La Commission Européenne a adopté aujourd’hui un projet de directive sur les émissions industrielles qui ne tient pas compte de la réalité de nos élevages. C’est un non-sens. Nous nous battrons au niveau du Conseil pour remettre de la raison dans ce texte ».

 

Autre réaction, par le biais d’un communiqué de presse commun. La Fédération Nationale Porcine (FNP), la Fédération Nationale des Producteurs de Lait (FNPL), la Confédération Française de l’Aviculture (CFA), La Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) ainsi que la Fédération nationale bovine (FNB) ont dénoncé une révision « absurde » de la Directive IED sur les « émissions industrielles ».

Dans ce texte critique, le communiqué reproche à la Commission européenne de « tout mélanger » et craint de voir les éleveurs subir « toujours plus de normes de charges et de contraintes bureaucratiques ».

 

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