Cooperl reprend l’ancien abattoir Gad

12 avril 2021 - Estelle POLETTE DE OLIVEIRA

A l'abandon depuis 2013, l’ancien abattoir Gad de Lampaul-Guimiliau (29) va être racheté par Cooperl. Ce site sera l'opportunité pour le groupement lamballais d'atteindre de nouveaux débouchés et peut-être de redémarrer à l'avenir une activité d'abattage-découpe.

Après huit années sans activité, l’ancien abattoir Gad de Lampaul-Guimiliau (29) est en partie repris par Cooperl. Un accord entre la coopérative, la Communauté de Communes du Pays de Landivisiau et la SemBreizh a été signé et annoncé le 2 avril dernier. Cooperl devient pleinement propriétaire des actifs immobiliers. Ceux-ci appartenaient depuis 2019 à l’Etablissement public foncier régional et leur usufruit revenait à la Communauté de Communes du Pays de Landivisiau. Cooperl était déjà présente sur ce site depuis 2017, date de reprise des actifs de la Lampaulaise de Salaisons ainsi que des titres de la société Agro Ouest Environnement dans le cadre de la liquidation de la Financière Turenne Lafayette.

Le retour de l'abattage-découpe?

Patrice Drillet et Emmanuel Commault, respectivement président et directeur Cooperl

Si le montant de l’achat n’a pas été révélé, Cooperl envisage un développement progressif du site de 40 000 m² : dans un premier temps, c’est l’implantation d’une unité de congélation employant une cinquantaine de salariés qui a été annoncée. Ensuite, le groupe projette « si des accords structurants avec les groupements de producteurs finistériens sont trouvés, d'y relancer une activité d'abattage découpe », annonce le communiqué Cooperl. Un projet industriel très automatisé serait d'ores et déjà engagé, ainsi que la création d'une unité environnementale faisant appel aux dernières technologies disponibles. « A terme 500 emplois directs pourraient être créés », selon Cooperl. Pour rappel, symptôme d’une filière malmenée, en 2013, la fermeture de cet abattoir avait mis fin à 771 emplois directs auxquels se sont ajoutés les nombreuses conséquences économiques indirectes pour le territoire. Certains locaux avaient retrouvé une activité en 2020 avec l’installation sur 4 400 m² d’un transformateur de saumon norvégien. Par ailleurs, sur les 60 000 m² de l’établissement, 20 000 ont été démolis en 2020 afin d’éviter les risques de friches industrielles. Jusqu’à ce jour, aucun projet de rachat ou de reconversion durable n’avait abouti.

Atteindre de nouveaux marchés

Pour la coopérative lamballaise, ce site possède plusieurs avantages : tout d’abord un bassin important de production de 3 millions de porcs dans un rayon de 80 km, puis un accès rapide au port de Brest par lequel devrait transiter la production conteneurisée destinée à l’export. Si la Chine et plus globalement l’Asie est dans la ligne de mire, d’autres marchés comme l’Europe ou même la France devraient lui permettre d’élargir ses débouchés. Pour Emmanuel Commault, « il faut que la production porcine bretonne monte en gamme, notamment par une meilleure prise en charge du bien-être animal et la décarbonation de ses processus, en pleine cohérence avec l'esprit des Etats Généraux de l'Alimentation. »

Un regain d'optimisme

Quant à la question qu’un grand nombre d’éleveurs se pose, « la Bretagne peut-elle accueillir un nouvel abattoir ? » selon Emmanuel Commault, la réponse est positive sous conditions que l’on regarde à long terme et que la filière sache se moderniser. « Je ne l’aurais pas dit forcément il y a quelques années, quand les Danois et les Allemands faisaient appel aux travailleurs détachés. On était alors soumis à une distorsion de concurrence. Les politiques et le Covid ont permis de réformer ce travail intérimaire low cost et de rééquilibrer les conditions de concurrence"

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