Crise porcine : plusieurs manifestations pour demander de l’aide

24 janvier 2022 - Estelle POLETTE DE OLIVEIRA

Les éleveurs de porcs bretons et mayennais se sont réunis à plusieurs reprises la semaine dernière pour faire entendre leur voix auprès des représentants de l'Etat et ainsi demander de l'aide en urgence. Si l'Europe ne compte pas lever le petit doigts sous prétexte d'une potentielle éclaircie, en France, malgré les nouvelles dispositions Egalim2, les négociations annuelles entre opérateurs et distributeurs sont tendues et les vieux réflexes reviennent au grand galop.

crédit : FDSEA29

Mardi 18 janvier 2022, plus de 200 éleveurs de porcs se ont réunis à Pleyben (29) pour évoquer avec le préfet les conséquence de la crise porcine. Ils attendent des réponses concrètes.

Un ras le bol. Après le rassemblement de près de 200 éleveurs de porcs à Plérin (22) le 13 janvier dernier, la colère continue de gronder dans les campagnes. Le mardi 18 janvier au soir, plus de 200 éleveurs de porcs se sont réunis à Pleyben (29) à l’initiative de la FDSEA et des JA du Finistère. « Les conséquences de la crise Covid pèsent directement sur les comptes des exploitations porcines, où l’on déplore des pertes jamais vues qui mettent d’ores et déjà en péril la filière porcine bretonne », expliquent les représentants de ces syndicats. Et de poursuivre : « Si rien n’est fait, chaque éleveur de porcs aura en moyenne perdu 100 000 € avant le printemps et ne pourra alors plus assurer les charges de fonctionnement de son entreprise. » Comme leurs homologues costarmoricain la semaine précédente, ces éleveurs réclament un accompagnement financier par les pouvoirs publics, à l’instar de leurs concurrents européens et des autres secteurs économiques français (voir ici) .
« Nos sollicitations sont claires : Un besoin immédiat de soutien financier par l’Etat, identique à celui apporté pour les autres secteurs d’activité ; les PGE (Prêts garantis par l’Etat) bien sûr, mais au-delà, l’accès au fond de solidarité doit être ouvert aux producteurs de porcs pour des aides directes et immédiates. […]  Enfin, dans ce contexte difficile, les éleveurs demandent que tous les contrôles d’exploitations soient plus pédagogiques que réprimants ! », a réclamé le groupe d’éleveurs finistériens auprès du préfet qui s’est engagé à remonter le message au ministre de l’agriculture.

Des éleveurs déterminés

Deux jours plus tard, l’après-midi du 20 janvier, ce sont de nouveau les éleveurs des Côtes d’Armor qui se sont mobilisés à l’appel de Jeremy Labbé, président JA22. Deux convois de tracteurs en provenance de Guingamp et Lamballe se sont rendus à la préfecture de Saint Brieuc avec le soutien de nombreux partenaires de la filière. Une perturbation de la RN 12 qui avait pour but d’informer le consommateur des objectifs de cette mobilisation. Des fouilles de camions afin de vérifier l’origine des viandes ont également été réalisées.
Suite à cette manifestation, sur les réseaux sociaux, Jérémy Labbé a informé que « le ministre ainsi que son cabinet ont bien pris conscience de la problématique et devraient réagir dans les jours à venir. Il faut défendre une aide directe pour tous et non pas un PGE qui ne fera qu'aggraver la situation des éleveurs ».

Le lendemain, c’est en Mayenne, à Laval que les JA 53 et FDSEA 53 se sont donnés rendez-vous pour présenter la perte 2021 Mayennaise au préfet. Celle-ci s’élèverait à 150 millions d'euros sur toutes les filières (bovines, porcs, volailles,..).

L'Europe entrevoit une issue

De son côté, Bruxelles a déclaré le 17 janvier qu’elle n’interviendrait pas directement dans ce qu’elle estime être l'une des pires crises pour les éleveurs de porcs européens. L'exécutif européen serait en effet toujours convaincu qu’une reprise du secteur pourrait se dessiner. Pour les spécialistes le fait que les prix des porcelets aient commencé à augmenter en octobre et que les prix des carcasses de porc aient également atteint un point bas en novembre et aient commencé à augmenter juste avant Noël et pendant janvier est considéré comme encourageant.

Par ailleurs, à l‘heure où les négociations entre opérateurs et grande distribution se dessinent, les syndicats JA et FNSEA réclament une application stricte de la loi Egalim2 et demandent des sanctions pour les enseignes prises en défaut. En effet, depuis le 1ier janvier 2022, pour plusieurs filières, la vente de produits agricoles est conditionnée à la signature d'un contrat qui prend en compte les indicateurs de coûts de production des agriculteurs et les indicateurs de marché. Mais selon les deux groupes d’éleveurs, le comportement « de certains distributeurs va à l'encontre des principes mêmes de cette loi ». Par ailleurs, « la mise en œuvre d'Egalim 2 intervient dans un contexte inflationniste qui va au-delà des seules charges : cette réalité ne peut pas être ignorée des acheteurs de la grande distribution », explique le communiqué du 20 janvier qui dénonce également de nouvelles pénalités logistiques infligées aux entreprises. Des pratiques interdites sur lesquelles devraient revenir le comité de suivi des relations commerciales qui se tiendra le jeudi 27 janvier.

 

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