Négociations commerciales : bras de fer entre producteurs et distributeurs
Fin janvier, les ministres de l’Agriculture et de l’Alimentation et de l’Industrie ont réuni le comité de suivi des relations commerciales composé des représentants des producteurs, des transformateurs et des distributeurs. Une réunion qui donné a lieu à des divergences entre les différents acteurs et a poussé les Ministres à durcir le ton.
La situation se tend. A un mois de la fin des négociations commerciales, le dialogue entre les membres du comité de suivi est rompu. A la demande des ministres de l’Agriculture et de l’Alimentation et de l’Industrie, les représentants des producteurs, des transformateurs et des distributeurs se sont réuni fin janvier pour poursuivre les débats. A l’issue de cette rencontre, d’importantes divergences dans l’analyse de la situation entre les transformateurs et les distributeurs se sont révélées. Alors que les négociations doivent être conclues d’ici le 1er mars, plusieurs points inquiètent les parties, notamment la « difficulté de prise en compte de l’augmentation des coûts de production dans un certain nombre de filières agricoles », avance le ministère de l’Agriculture.
La grande distribution appelle à une baisse des prix permanente, tandis que les coûts des matières premières ne cessent de monter et prennent à la gorge les producteurs. De plus, jusqu’à présent, peu de conventions ont été signées par les grands groupes alors que le temps presse. De son côté, le gouvernement écrit sans un communiqué au sortir de la réunion que « certains comportements interrogent quant à leur conformité à la loi. »
Face à ce constat, les Ministres ont pris plusieurs décisions :
- D’intensifier les contrôles de la loi Egalim déjà menés par les services de la DGCCRF. Outre les contrôles nombreux que réalisent les services d’enquêtes auprès des fournisseurs pendant les négociations commerciales, la DGCCRF examine attentivement notamment la mise en œuvre des pénalités logistiques, ainsi que le respect des règles de formation des conventions annuelles ;
- De lancer une adresse de signalement (signalement@agriculture.gouv.fr) de prix constatés en magasin qui paraissent trop bas par rapport aux coûts de production ainsi que des problèmes d’étiquetage. La conformité à la loi de ces pratiques sera vérifiée ;
- De renforcer la médiation en mutualisant un certain nombre de moyens entre le médiateur des relations commerciales agricoles et le médiateur des entreprises s’agissant des relations avec la distribution alimentaire.
Par ailleurs, Agnès Pannier-Runacher, ministre de l’industrie, a annoncé le lancement d’une procédure à l’encontre d’une centrale internationale à la suite d’une enquête de la DGCCRF.
Ces décisions ont été prises afin que « le consensus obtenu à l’issue des Etats généraux de l’alimentation et transcrit dans la loi EGALIM se traduise dans les négociations commerciales en cours. Il en va de notre souveraineté alimentaire », expliquent les Ministres dans le communiqué.
Alors que le compte à rebours a commencé, chaque partie tente de tirer la couverture vers soi. La fin des négociations approche à grands pas et cette année encore, les décisions seront prises au pied du mur.
Face à la situation, la FNSEA a réagi et déplore « l'attitude irresponsable de la grande distribution. […] et regrette les demandes de déflation de la part de ces mêmes enseignes, alors que les cours de certaines matières premières augmentent et renchérissent considérablement le coût de l'alimentation animale pour tous les éleveurs. »