Un montant de l’enveloppe « sans précédent » pour les uns, « une goutte d’eau » pour les autres. Les réactions suite au plan de sauvetage de la filière porcine annoncé par le Ministre de l’agriculture le 31 janvier sont très contrastées. Pour le Comité Régional Porcin de Bretagne, « le montant de l’enveloppe annoncé […] est sans précédent. Il traduit le niveau de crise que subissent les éleveurs. Des travaux sont en cours pour que les critères de versement des aides prennent au mieux en compte les réalités du terrain. Ces aides n’ont pas vocation à financer des hausses de prix de l’aliment ni à être captées par l’aval ». De leur côté, les syndicats jugent ce plan d’urgence insuffisant.
Pour la coordination rurale, « il ne sera qu’une goutte d’eau et ne permettra pas de sortir les éleveurs de la crise. D’autant plus que les annonces sont à prendre au conditionnel et les aides seront corrélées avec la loi EGAlim2 ». Le syndicat milite pour la régulation de la production et demande, dans le cadre de la deuxième enveloppe de 175 millions d’euros, un cadrage des aides non-remboursables vers les éleveurs et un possible plan de cessation pour permettre à ceux qui le souhaitent d’arrêter leur élevage dans de bonnes conditions (pré-retraites ou autre). La FRSEA et les JA Pays de la Loire constatent, pour leur part, que « certes nos messages ont été entendus et la gravité de la situation des éleveurs porcins a été prise en compte. Cependant ces aides sont loin d’être à la hauteur des pertes subies dans les élevages depuis plusieurs mois déjà ! » Ils réaffirment l’urgence d’une structuration de la filière et de la mise en application de la loi EGAlim2.
Fleury Michon augmente sa part d’approvisionnement en VPF
En parallèle, les acteurs de la transformation et de la distribution se sont engagés à acheter et à mettre en avant l’origine France. D’après la Fict, il est essentiel que les entreprises françaises de charcuterie traiteur puissent compter demain sur une production porcine nationale forte, afin de pouvoir répondre aux attentes des consommateurs souhaitant des produits de charcuterie fabriqués en France et utilisant de la matière première française. Ainsi, ces dernières s’engagent à renforcer significativement leurs approvisionnements en viandes issues de porcs français. « Plusieurs entreprises se sont déjà engagées à chiffrer précisément ces engagements très rapidement », précise la Fict. Fleury Michon a été la première, le 1er février, à annoncer trois engagements concrets : augmenter sa part d’approvisionnement en viande de porc française jusqu’à environ deux tiers tant que les cours resteront à des niveaux insuffisants, basculer immédiatement l’approvisionnement de sa gamme de rôtis de porc en viande 100 % origine France et continuer à respecter la loi EGAlim. « Cette annonce illustre la priorité donnée par Fleury Michon aux approvisionnements français à chaque fois que possible sur la base de 4 critères : la qualité, la disponibilité, la sécurité des approvisionnements et l’accessibilité du prix pour les consommateurs. Et aussi, la volonté de l’entreprise de contribuer – à son échelle – à renforcer la souveraineté alimentaire française », commente l’industriel.
Pour que cette belle dynamique soit possible, la Fict demande « le soutien des pouvoirs publics pour une application stricte de la loi Egalim2, notamment avec une prise en compte par les clients distributeurs dans les négociations commerciales en cours des coûts de production autres que la matière première agricole, en inflation considérable. Le dispositif national de certification sanitaire des produits et d’agrément des établissements par les pays tiers devra être musclé par les pouvoirs publics pour permettre aux entreprises de charcuteries d’augmenter leurs capacités à l’exportation. Enfin, le déploiement du label Le Porc Français récemment enrichi sera déterminant pour consolider la valeur ajoutée de la production porcine française par rapport à ses concurrents européens ».
Intermarché favorisera l’assortiment des références VPF
Côté distribution, Intermarché affirmait le 2 février vouloir assumer son rôle de distributeur responsable : « Agromousquetaires, le pôle agroalimentaire du Groupement Les Mousquetaires qui fabrique les marques de distributeur Monique Ranou et Jean Rozé pour les magasins Intermarché et Netto, s’approvisionne depuis 2015 exclusivement en Viande de Porc Française. Aujourd’hui, près de 200 élevages partenaires d’Agromousquetaires ont fait le choix de la contractualisation et lui livrent annuellement près de 1 200 000 porcs, soit environ 50 % des approvisionnements. […] Intermarché salue l’engagement de Fleury Michon. […] Afin d’encourager Fleury Michon à aller encore plus loin et, comme Agromousquetaires, à s’approvisionner à 100 % en VPF, Intermarché s’engage à développer l’assortiment des références VPF de Fleury Michon et s’inscrira dans cette même dynamique avec les autres industriels qui s’engageront sur la voie du VPF. » Vincent Bronsard, président d’Intermarché et Netto, se dit persuadé que la contractualisation est un outil très efficace pour sécuriser la filière porcine française et contribuer à la défense de la souveraineté alimentaire du pays.
Des engagements dont la FRSEA et JA ont pris bonne note et contrôleront la mise en œuvre.