Le projet d’arrêté du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation concernant l’arrêt de la castration à vif des porcelets en 2022 divise la profession. Le texte réglementaire, en cours de finalisation, conserverait la possibilité de castrer, avec prise en charge obligatoire de la douleur, lorsqu’un contrat avec un industriel ou quand un cahier des charges officiel l’impose. « Ce que ne prévoit pas l’immense majorité des cahiers des charges officiels et notamment celui de l’Agriculture Biologique », rappelle la Confédération paysanne dans un communiqué reçu le 15 septembre.
Or, selon le syndicat, « la castration est une condition pour le maintien d’élevages qui assurent :
- des conditions de vie favorables à l’expression du comportement et à une prise en compte globale du bien-être animal ;
- le respect de tout cahier des charges officiel imposant le plein air ;
- des durées d’élevage souvent plus longues en circuits courts et dans le cas d’élevage de races locales. »
Ainsi, lors d’un échange le mardi 14 septembre sur le Space – Salon international de l’élevage à Rennes -, Nicolas Girod, le porte-parole national de la Confédération paysanne, a redemandé au Ministre de l’agriculture et de l’alimentation Julien Denormandie que les critères de dérogation soient élargis et prennent en compte le respect de tout cahier des charges officiel imposant le plein air, la vente directe, la vente en petites quantités et l'élevage de races locales. « Le Ministre n’a pas fermé la porte », rapporte le syndicat. Ce dernier a également demandé un délai pour mettre en œuvre la prise en charge de la douleur dans de bonnes conditions, avec des protocoles validés et après un temps de formation à ceux-ci.
Plus largement, dans un communiqué en date du 16 septembre, la Confédération paysanne conteste l’approche normée du bien-être animal engagée aujourd’hui : « [Cette approche], qui s’appuie sur la capacité d’adaptation des animaux aux contextes d’élevage, promue par une partie de la profession sous l’égide du syndicat majoritaire, ne fait qu’entretenir des modèles intrinsèquement incompatibles avec une prise en compte effective de la considération animale. Les fausses solutions orientées vers l’enrichissement du milieu, l’amélioration high-tech des bâtiments et des outils d’élevage sont un cheval de Troie pour l’agrobusiness et l’industrie. » Pour le syndicat, la bientraitance animale est à la fois un moyen et la conséquence d’un changement de modèle agricole en général et d’élevage en particulier. Ainsi, il affirme que le bien-être animal n’est pas une contrainte à faire financer par les seuls consommateurs, mais un levier positif de mutation.