Cooperl menace de quitter Inaporc
Comme l’évoque une lettre de Cooperl adressée à Guillaume Roué, président d’Inaporc, c’est un désaccord au sujet du vote pour la présidence d’Inaporc qui pourrait faire sortir le groupement de l’interprofession porcine. L’occasion également pour Cooperl d’évoquer, sans filtre, son avis sur le travail réalisé par Inaporc. Face à ces accusations, son président n’a pas manqué de remémorer les actions de l’interprofession dans sa réponse et prône plutôt l’unité.
C’est dans une lettre en date du 9 septembre dernier, adressée à Guillaume Roué, fraîchement réélu président d’Inaporc, que le groupement Cooperl a annoncé vouloir se retirer de l’association Inaporc et de « son financement direct, par ses contributions et indirect, par sa collecte » si Guillaume Roué ne renonce pas à son siège de président de l’interprofession et si une nouvelle élection n’est pas organisée. A l’origine du litige, c’est effectivement le résultat du vote du 2 septembre, date de l’élection du président d’Inaporc, qui est remis en cause par Cooperl.
Comme le rappelle le groupement dans son courrier, « l’article 12 des statuts d’Inaporc le dit très explicitement : ‘la présidence et la première vice-présidence sont assurées respectivement et alternativement par l’amont et l’aval.’ » Faisant valoir cette disposition, Cooperl avait donc présenté un candidat en la personne de Bernard Rouxel, en tant que représentant de l’aval. Mais le vote n’a pas joué en sa faveur, faisant ressortir le nom de Guillaume Roué qui, selon Inaporc n’était pas candidat et selon Cooperl l’était, en contradiction avec l’esprit des statuts d’Inaporc. Le groupe Lamballais estime donc que la candidature de Guillaume Roué aurait entravé l’élection de Bernard Rouxel.
« Quand bien même votre bilan au cours des six derniers mandats à cette présidence aurait été bon, nous n’aurions pas accepté de cautionner une nouvelle fois l’irrégularité du fonctionnement que vous avez installé puis entretenu au long de toutes ces années. Cette association est irrégulière, elle ne doit plus se prétendre être une ‘interprofession’, nous en dénoncerons les dysfonctionnements aux plans administratif et judiciaire et interrompons immédiatement toute contribution et toute collecte des fonds qui la financent », explique le document. Il fait également état, avec force, de profonds désaccords concernant les stratégies adoptées par Inaporc au sujet de deux chantiers :
- Le cahier des charges « Le Porc Français » : « les transformateurs demandent que « Le Porc Français » progresse en qualité pour justifier un prix plus élevé que le porc européen. Qu’avez-vous fait pour cela ? Rien, ou presque rien. […] Le standard Qualité ‘ Le Porc Français’ est vide […] », peut-on lire dans le communiqué de Cooperl.
- La « bio-sécurisation » des élevages vis-à-vis de la peste porcine africaine : « la stratégie de régionalisation que vous défendez exclusivement n’est pas la bonne. Le virus voyage dans les produits cuits qui accompagnent le déplacement des personnes en Europe. Que ferez-vous quand la Bretagne sera contaminée ? Seule une stratégie permettant l’établissement de ’compartiments’ étanches, au sein desquels les flux seraient parfaitement tracés, permettraient de rassurer nos clients, de soutenir les exportations et d’éviter un effondrement du marché quand le risque se matérialisera », explique le document.
En retour, dans une lettre du 16 septembre 2020, Guillaume Roué a rappelé les récentes actions d’Inaporc sur les différents sujets d’actualité. « Sur le dossier de la montée en gamme […], Inaporc a quand même réussi à faire accepter un socle de base adossé à la démarche « Le Porc Français ». Vous pouvez estimer que ce n’est pas suffisant mais l’orientation prise va dans le sens que vous décrivez », analyse Guillaume Roué. Et de poursuivre sur le sujet sanitaire : « vous omettez de reconnaître tout le travail qui a été fait en concertation avec les Pouvoirs Publics français et belges sur le front Est […]. Les résultats sont concrets et la filière porcine française, grâce à ces actions de lutte a pu éviter une situation catastrophique ». Le président évoque également le travail menant à l’élaboration de l’audit biosécurité, le dossier de l’équarrissage ou encore les investissements et moyens humains mis en place en Chine afin d’obtenir de nombreux agréments, dont certains pour les sites Cooperl et afin de consolider les exportations vers ce pays. « Pour ce qui est du dossier compartimentation, son importance ne nous a pas échappé et il a fait l’objet d’un travail approfondi […] », détaille Guillaume Roué. Ce dernier a également demandé dans sa réponse, des précisions concernant l’arrêt des contributions interprofessionnelles puisque « trois accords ont été signés et régissent ces contributions, à savoir, les Contributions Amont et Aval d’Inaporc, la contribution sanitaire d’Inaporc et les contribution Amont CVEE et Aval CSE d’Inaporc pour l’équarrissage ». En revanche, pas un mot au sujet d’un éventuel nouveau vote pour la présidence d’Inaporc…
Si Guillaume Roué a appelé, en ces temps difficiles, « à l’union et non la division pour préserver au mieux les intérêts de tous les maillons de la filière », pas sûr que cela suffise pour apaiser le conflit.
Pour télécharger les deux lettres :