Culture Viande s'interroge sur l’avenir de la filière
Alors que la filière porcine française est en pleine remise en question avec la mise en place de nouvelles réglementations, le syndicat Culture Viande s’interroge.
Il n’en est pas à son premier coup d’éclat. Après deux communiqués virulents, le syndicat Culture Viande réitère avec un tour de l’actualité porcine de ce début d’année. Celui-ci évoque sans détour le bien-être animal et soulève une problématique : l’absence de programme d’accompagnement pour inciter les éleveurs à entrer en conformité. Ainsi, le syndicat justifie le pourcentage d’éleveurs en marge de la réglementation (accès à l’eau, lumière, objet manipulable) que dénombre la production porcine.
Au cœur des débats
La question sanitaire et plus particulièrement la peste porcine africaine (PPA) est abordée. Si Culture Viande reconnait les efforts effectués avec l’accord de zonage en passe d’être conclu avec la Chine, il s’inquiète de voir l’épidémie avancer de l’est vers l’ouest de l’Europe et se répandre chez le voisin allemand. « L’accord de zonage n’a pas vocation à préserver de la PPA les élevages français, trop nombreux encore, à rester non conformes aux normes de biosécurité », souligne le syndicat qui attend plus de directives pour protéger la filière française. A ce propos, le syndicat ne semble pas avoir pris connaissance de l’exercice grandeur nature nommé Projet Pi-Zhu, débuté en juillet 2020, qui vise justement à simuler la découverte d’un cas de peste porcine africaine dans un élevage français pour anticiper les actions à mettre en place et mieux éradiquer l’épidémie.
Culture Viande déplore également un prix du porc inacceptable : « Jamais les prix des promotions sur la viande porcine fraîche n’ont atteint des niveaux aussi bas qu’en ce début d’année 2021. » Et d’ajouter : « Le porc ne sert qu’à alimenter la guerre des prix entre enseignes de distribution. » Les entreprises de charcuteries-salaisons en prennent aussi pour leur grade puisqu’il leur reproche de privilégier le prix, plutôt que l’origine du produit.
Vers une viande trop maigre
Par ailleurs, un bon coup de gueule n’aurait pas tenu toutes ses promesses sans un tacle à l’arrêté sur l’interdiction de la castration à vif : « Aucune alternative n’a encore été mise sur la table pour pouvoir se conformer à la règlementation. De nombreux groupements continuent à parier sur le porc mâle entier, sans prendre le temps d’en mesurer les conséquences à long terme pour toute la filière porcine française. » Affirmation avec laquelle Jean-Jacques Riou, président de l’association « Pour le Bien-être animal porcin et la non-castration des porcs », est d’accord et pour laquelle il propose des solutions. Enfin, Culture Viande s’interroge sur la production de mâles entiers, dont il juge la viande trop maigre pour la fabrication de nombreuses salaisons, avant d’estimer que « beaucoup de salaisonniers excluent de leurs cahiers des charges les viandes issues de mâles entiers. » Le syndicat est soucieux pour l’avenir : « Cette stratégie est-elle de nature à inverser la courbe actuelle de la consommation de viande porcine qui affiche une baisse de - 4% par an depuis 5 ans ? »