La forte hausse des matières premières perdure depuis de nombreux mois. Dès l’automne 2020, les bilans mondiaux étaient tendus, en cause les mauvaises récoltes et les importations massives de soja de la Chine pour aider au redéploiement de sa production porcine. Dans un contexte haussier, la crise de la Covid 19, une récolte 2021 pas exceptionnelle et, depuis février 2022 la guerre en Ukraine (avec l’arrêt des exportations des matières premières), provoquent une flambée inédite des prix de l’alimentation animale.
La hausse du prix de l’aliment va se poursuivre
Les perspectives pour la fin de l’année ne sont pas bonnes : le contexte géopolitique ne va pas s’améliorer à court terme, les récoltes seront assez faibles puisque les bassins européens et américains font face à un déficit hydrique et les aléas climatiques menacent les rendements comme en France où les intempéries survenues fin mai ont réduit d’1/3 ceux du blé dans certains départements.
« La hausse du prix de l’aliment de 33 % par rapport à 2021 que nous connaissons aujourd’hui devrait encore progresser sur le second semestre. Cette situation des matières premières a un impact énorme sur les marchés du porc» affirme Elisa Husson du service économie IFIP, invitée à présenter les perspectives de la filière à l’assemblée générale de la FNP.
Recul de 3,4 % des abattages européens sur le premier trimestre 2022
En mars 2022, la reprise des cours du porc en Europe a été impulsée par l’Allemagne, une hausse saisonnière, particulièrement forte cette année car elle est accentuée par un recul de l’offre en Allemagne, confrontée à une situation catastrophique suite à l’arrivée de la FPA dans ses élevages. L’offre actuelle montre un recul de 3,4 % en Europe sur le premier trimestre 2022/ 2021 dont - 10% d’abattage en Allemagne, - 0,6 % en France ; par contre l’Espagne a augmenté ses abattages de 3,6 % et continue sa croissance.
Des arbitrages sur le budget alimentaire
En France, l’inflation a atteint un record au mois de mars qui aura un impact sur la consommation des ménages dont 30 % du budget est lié aux dépenses contraintes incompressibles (logement, énergie, transport). « Les français vont devoir faire un choix qui se portera très certainement sur le budget alimentaire, qui représente 20 % du budget. Le premier critère de choix sera le prix, le consommateur de retour au travail en présentiel est demandeur de produits pratiques à consommer ce qui ne devrait pas permettre de stimuler la consommation et les achats de viandes dites « brutes » non élaborées » affirme Elisa Husson.
Les perspectives et défis pour la filière en 2022
De nombreux défis attendent donc la filière porcine en 2022 : répercussion des prix jusqu’aux consommateurs, disponibilité de la main d’œuvre, transmission et la succession des exploitations, compétitivité internationale, questions liées au bien-être animal et à l’environnement (changement climatique), évolutions des mode de consommation…
Sur tous ces sujets, Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, s’est exprimée lors de l’assemblée générale de la FNP. « La filière porcine va connaître de nombreux arrêts d’élevage, c’est inévitable, constate-t-elle. Mais je ne veux pas entendre qu’ils soient de l’ordre de 30 %, soyons sérieux ! Nous n’avons jamais eu autant d’outils pour nous battre, utilisons-les ! »