Plan de relance : le porc n’est pas oublié
Début septembre, Julien Denormandie et le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation ont annoncé un plan de relance gouvernemental. Parmi les nombreuses mesures qu’il contient, certaines visent à développer les protéines végétales et d’autres à moderniser l’élevage et l’abattage porcin français.
Trois axes de travail et 1,2 milliard d’euros, voilà ce que comporte le plan de relance gouvernemental. Bousculé par la crise sanitaire, le Gouvernement et le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation ont déployé des moyens pour soutenir les filières en difficultés. Au programme : le renforcement de la souveraineté alimentaire, l’accélération de la transition agro-écologique et l’adaptation de l'agriculture et de la forêt au changement climatique. De vastes objectifs qui reposent sur trois piliers de financement : l'imposition des produits, l'adaptation du droit européen et la transition écologique. Si sur le papier tout semble beau, que réserve vraiment cette relance ?
Comme pour chaque plan, le budget total est répartie par priorités. Et deux d’entre-elles concernent directement la filière porcine. L’État souhaite réduire sa dépendance à l’importation de protéines destinées à l’élevage. A terme, l’objectif sera de doubler les surfaces en plantes riches en protéines et faire de la France un leader de la protéine végétale dans la décennie à venir. Pour cela, il prévoit une enveloppe de 100 millions d’euros. Une aide qui inspire déjà certains à lancer des initiatives comme le Groupement d’Intérêt Économique « Service de Valorisation des Protéines » mis en place par le trio d’entreprises Eureden, Tromelin et Valorex.
Financer la biosécurité
Le plan de relance se penche également sur d’autres questions importantes de la filière porcine : les élevages et les abattoirs. Dans une volonté de répondre à la demande des consommateurs, mais aussi dans une démarche de bien-être animal et de biosécurité, l’État souhaite moderniser sa filière. Un développement qui passe par un soutien apporté à l’élevage, sous la forme d’un « pacte biosécurité bien-être animal » qui vise à accompagner les éleveurs dans les investissements à venir, notamment en matière de prévention des maladies animales. Cette modernisation de la filière s’adresse également aux abattoirs. L’État veut agir sur plusieurs fronts : mieux répondre aux exigences d’hygiènes alimentaires et de protection animale, améliorer les conditions de travail des opérateurs tout en respectant le bien-être animal, moderniser les outils d’abattage et de première transformation, améliorer la compétitivité de ces entreprises et les préparer au respect des exigences à l’export.
"C'est insuffisant" d'après la Conf'
Le budget alloué pour l’ensemble des mesures qui seront prises dans ces objectifs est de 250 millions d’euros, dont 130 millions directement destinés à la modernisation des abattoirs. Une somme que la Confédération Paysanne (CP), juge insuffisante face à la forte disparition du nombre d’abattoirs en France (382 abattoirs de boucherie en 2002 contre 250 en 2020). Par ailleurs, dans son communiqué de presse du 4 novembre 2020, elle pointe du doigt une « occasion manquée de faire évoluer le secteur de l’abattage. » Elle voit ici un plan de modernisation qui représente une « opportunité offerte à ceux qui dominent la filière, de faire financer leurs investissements et de renforcer leur compétitivité au détriment des abattoirs de proximité. » Pour répondre aux problématiques qu’elle soulève, la CP suggère deux propositions à l’État. Premièrement, « que seuls soient éligibles à ce financement les investissements destinés à la protection animale, au renforcement du maillage des abattoirs de proximité et à l'amélioration des conditions de travail », et deuxièmement, « que la création d'abattoirs fixes de proximité soit aussi accompagnée par ce plan de modernisation, afin de relocaliser les outils d'abattage dans les zones où ils font défaut. »
Source : Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, Confédération Paysanne