Promotions abusives : de la viande porcine vendue à moins de 2€ /kg

17 janvier 2022 - Estelle POLETTE DE OLIVEIRA

Alors que les "foires au porc" battaient leur plein début janvier, les promotions ont atteint des prix extrêmement bas, sous la barre des 2 €/kg. En colère contre cette dévalorisation, des éleveurs de porc se sont regroupés à Plérin (22) jeudi dernier. Le syndicat Culture Viande est lui aussi très remonté. Pour se défendre, l'une des enseignes accusée évoque  une stratégie coconstruite avec les éleveurs de porcs, toujours dans l'objectif de les soutenir.

La guerre des prix fait encore rage en grande surface. Début janvier, il suffisait d’écouter la radio pour le comprendre : les publicités pour des « foires au porc » s’enchaînaient, mettant en avant des prix extrêmement bas. Un tour en rayon confirmait ensuite cette impression.

Une situation qui a fait réagir sur la toile mais aussi les éleveurs des syndicats JA22 et FDSEA 22 puisque environ 200 se sont rassemblés le jeudi 13 janvier à la Maison de l’Agriculture de Plérin (22) pour échanger et « trouver une réponse collective et ordonnée ». S’accordant sur l’importance de durcir le ton face à l’Etat et à la grande distribution, ils se sont ensuite mis en marche pour une « tournée des GMS de l’agglomération » avec en premier lieu le E.Leclerc de Plérin.

Le lendemain, c’est ensuite le syndicat Culture Viande qui s’est insurgé de la baguette à 0,29 € ou la côte de porc à moins de 2 €/kg vendues dans une enseigne bien connue. Dans le détail, le kilo de côte de porc était à 1,69€, celui de jambon à 1.85€, celui de l’épaule à 1,45€/kg et celui de la poitrine affichait 1,95€ ( prix de ventes consommateurs affichés pour ces promotions, en TTC ). Qualifiant cette pratique de honteuse, Culture Viande explique qu’il manque près de 50 cts € /kg pour couvrir les frais d’abattage, découpe, conditionnement, …  « Il faudrait donc payer aux éleveurs le porc à moins de 1 €/kg ! Est-ce cela le soutien aux éleveurs de porcs français ? », proteste le syndicat alors que les coûts de l’alimentation flambent et que les entreprises de la viande font face à une augmentation de leurs charges liées à l’énergie, le transport et les emballages. Le syndicat s’interroge également sur le devenir des grands principes de la loi Egalim 2 censée préserver la rémunération des agriculteurs.
Avec ces prix anormalement bas, c’est une destruction de valeur et une dévalorisation de l’image de la production porcine qui s’installe alors que « la filière porcine française est engagée pour relever ses défis : ceux de la protection de l’environnement, de la bientraitance animale, de la sécurité sanitaire et de la qualité même de la viande. L’origine France a un prix […]! », déclare Gilles Gauthier, Président de Culture Viande.

De son côté, l’enseigne en question avait anticipé ces réactions et se défend en réaffirmant sa volonté de soutenir les éleveurs : « En janvier 2022, E. Leclerc organise la foire au porc. Cette opération promotionnelle annuelle est née de la collaboration entre E.Leclerc et les éleveurs de porcs français […] Depuis le mois d’octobre, les acheteurs Kermené ont soutenu les cours pour éviter une baisse globale de la cotation. E. Leclerc continuera d’agir pour une juste rémunération des éleveurs de porcs ».
 En parallèle, l’enseigne diffuse sur les réseaux sociaux trois vidéos tournées dans trois élevages (bio, alternatif et conventionnel) afin de mettre en avant les bénéfices du partenariat signé entre l’éleveur et E.Leclerc.

 

 

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