Accompagnés de leur professeur David Kanter, de l’université de New York spécialiste des pollutions azotées, et sous l’égide de la clinique Justice environnementale et Transition écologique, trois étudiants de l’école de droit de Sciences Po Paris se penchent sur la question des algues vertes.
Constatant que les mesures de diminution des rejets semblent atteindre leurs limites et face au rapport de la Cour des comptes de 2021 dénonçant le manque d’implication des filières agroalimentaires, ces étudiants ambitionnent de reconsidérer cette problématique avec une approche systémique…
Le premier volet de leur étude aboutit à un panel de 9 propositions présentées dans le prochain numéro de Porcmag.
Filière conventionnelle : le rendez-vous manqué
Cette étude va se poursuivre l’année prochaine et ce sera sans-doute l’occasion de remédier à l’une de ses principales faiblesses: la filière conventionnelle y est sous-représentée. Bien que la timidité de la première prise de contact doive beaucoup aux préjugés, ce n’est néanmoins pas une fatalité puisque les étudiants comptent solliciter à nouveau ces entreprises.
Il est effectivement impossible d’appréhender une telle problématique sans y inclure les principaux groupements de production, que ce soit à cause de leur niveau d’impact ou pour bénéficier de leur expertise de terrain. Sans compter que dans un contexte économique où l’écologie fait désormais partie intégrante des attentes sociétales, la filière conventionnelle n’a pas d’autres choix que de se mobiliser sur ces enjeux. Loin de se soustraire à ses responsabilités, elle a un avis sur la question. Bertrand Convers, responsable de communication, chez Cooperl, livre son point de vue.
Bien qu’il n’y ait pas été invité, Bertrand Convers, responsable de communication chez Cooperl, a assisté au webinaire de restitution. Il livre ses premières impressions :
Quel est votre ressenti sur cette étude ?
Je pense déjà qu’il faut toujours faire attention aux propositions qui ne viennent pas du terrain. C’est une étude qui est originale et pleine de bonnes intentions, mais qui présente aussi beaucoup d’évidences et de décrets. Dans une coopérative, nous sommes bien placés pour savoir qu’il ne suffit pas de décréter une idée mais qu’il faut prendre en compte toute la conduite du changement qui est un challenge à part entière. C’est une question qu’on ne peut pas traiter uniquement à travers le prisme environnemental car il y a un ensemble de paramètres économiques et sociaux à considérer. La situation est bien plus complexe qu’elle en a l’air et nous prônons nous aussi une approche globale
Quel est le positionnement de Cooperl sur la problématique des algues vertes ?
La coopérative s’est déjà exprimée dans le cadre du Comité de pilotage du plan de lutte contre la prolifération des algues vertes. Nous y travaillons beaucoup car cela permet de sortir de l’amalgame entre élevage, nitrate et algues vertes. Nous prenons notre part de responsabilité afin d’apporter des réponses. Le fait d’avoir une forte densité d’élevage sur un territoire a effectivement été source d’inconvénients environnementaux par le passé, mais il faut reconnaître aussi que les émissions sont en baisse constante. Notre paradigme, c’est que les réponses technologiques permettent aujourd’hui de maintenir de fortes densités animales et qu’il reste encore des pistes d’amélioration.
Quels sont vos leviers d’action ?
Nous investissons énormément de moyens en R&D avec de nombreux axes touchant l’environnement. Notre spécialité est d’agir à la source pour réduire les émissions de phosphore des animaux. Cela peut être des réponses d’ordre nutritionnel, mais aussi technologique en intervenant par exemple au niveau de la conception des bâtiments pour gérer et transformer les effluents. Notre méthaniseur de Lamballe qui est capable de traiter 156 000 t de sous produits d’abattoir et d’élevage par an est aussi en plein dans le sujet. Notre objectif est de garder une vocation productive avec une montée en gamme collective, sans pour autant se lancer dans un développement effréné.