Investir pour garder la tête froide
En conceptualisant son nouveau bloc naissage de 240 truies dans son élevage de multiplication, Jean-Baptiste Belloeil n’a pas hésité à investir dans des équipements de gestion d’ambiance pour éviter que le mercure s’affole dans les salles. Porteur de performances et de bien-être animal, l’un d’entre eux est d’ailleurs particulièrement innovant...
Las de perdre des truies prêtes à mettre bas ou bien des porcs charcutiers sur le point de monter dans le camion en période estivale, Jean-Baptise Belloeil s’est donné un objectif : assurer l’ambiance dans ses bâtiments d’élevage, quels que soient les caprices de la météo ! « Depuis quelques années, les pics de chaleur sont de plus en plus récurrents et soudains. Ils compromettent, parfois durement, les performances et le confort des animaux », explique l’éleveur, installé à Lanfains (22) en tant que multiplicateur. C’est pourquoi, quand l’occasion de construire un nouveau bloc naissage s’est présentée en 2018, celui-ci a décidé de mettre toutes les chances de son côté en intégrant notamment des plaques refroidissantes en maternité et un cooling dans le bâtiment.
Refroidissement astucieux par le sol
« J’ai découvert le système de plaques refroidissantes directement sur le site du concepteur hollandais Nooyen, partenaire de Calipro en France, explique l’éleveur. J’ai été séduit par sa simplicité ». Les plaques sont en fonte et sont installées à l’avant des sols ascenseurs des quarante cages de maternité de l’élevage. Une pompe à chaleur air/eau réversible permet de faire circuler toute l’année de l’eau à 21°C dans un réseau de tuyaux situé sous la plaque qui, de fait, la refroidit. « Cela me permet d’appliquer une consigne de température de salle à 25-26 °C pour le confort des porcelets, tout en apportant de la fraîcheur à mes truies », précise-t-il. Double ambiance assurée ! A noter : Le refroidissement par le sol se fait uniquement sur le premier tiers pour ne pas endommager les mamelles des reproductrices.
Côté installation, des ‘’boucles’’ départ-retour en série alimentent au maximum cinq plaques pour garantir une restitution homogène de la fraîcheur. Côté budget, les quarante plaques équipées de leurs tuyaux en serpentin ont coûté 2 500 € à l’éleveur. Celui-ci estime que le surcoût par rapport à un simple caillebotis fonte est faible. A cela, il faut tout de même ajouter : 10 000 € pour la pompe à chaleur et 5 000 € pour la tuyauterie de liaison entre les plaques et la pompe à chaleur. L’éleveur n’a pas encore assez de recul pour avancer des résultats techniques, car la troisième bande s’apprête seulement à entrer en maternité. « Les truies se sentent bien, sont calmes et consomment de l’aliment, précise-t-il. De plus, le premier lot de cochettes a intégré le bâtiment en juillet dernier et, malgré un été caniculaire, je n’ai subi aucune perte sur les mères. Cela m’a conforté dans mon choix ».
Le cooling, cet indispensable
Il faut dire aussi que ce dispositif est renforcé par un cooling de 67 m² en panneaux alvéolaires carton (Asserva) installé en entrée d’air principale. Celui-ci a demandé un investissement de 13 500 € HT. L’air frais entre par surpression dans le bâtiment et est réparti dans les salles via un plafond diffuseur. « C’est pour moi devenu un indispensable si l’on veut assurer les performances l’été, commente l’éleveur. Je suis d’ailleurs en train d’en installer un dans mon bâtiment d’engraissement de 1 400 places en cours de rénovation ». Et de poursuivre : « un critère essentiel est aussi de s’assurer du bon dimensionnement des coolings, pour à la fois assurer un refroidissement notable de l’air ambiant tout en assurant les débits nécessaires de ventilation. Aussi, il ne faut pas attendre qu’il fasse 25 °C à l’extérieur pour le mettre en fonctionnement ! ». A la fin mars, le dispositif était d’ailleurs déjà mis en route.
En parallèle, l’éleveur a choisi de ne pas installer de système de brumisation dans son élevage. « Mon ancien bâtiment de verraterie/gestante était pourtant équipé. Cela fonctionnait relativement bien, mais son usage est techniquement plus délicat. Il faut bien faire attention au niveau d’hygrométrie dans les salles, surtout dans les vieux bâtiments où les systèmes de ventilation sont parfois fatigués, explique-t-il. Mais, avec un cooling, je considère que la brumisation n’est pas vraiment nécessaire, surtout dans ma région ». Une chose est sûre, c’est désormais avec sérénité que Jean-Baptiste Belloeil aborde l’arrivée de la période estivale.