Malgré le Covid-19, l’alimentation animale reste performante
Les perturbations engendrées par la pandémie de Covid-19 sont parfois peu visibles mais bien réelles. Le 13 mai, le conseil spécialisé Grandes cultures-marchés céréaliers de FranceAgriMer a fait le point sur la fabrication et la distribution des aliments pour animaux.
« Le secteur de la nutrition animale est un enjeu important », a rappelé Jean-Luc Cade, éleveur de porcs dans les Côtes d’Armor (22) et président de La Coopération Agricole Nutrition Animale. C’est pourquoi le conseil spécialisé Grandes cultures-marchés céréaliers de FranceAgriMer a, le 13 mai dernier, passé en revue l’actualité de ces productions stratégiques.
Au début de la période de confinement, la filière de l’alimentation porcine a connu des inquiétudes en raison d’un afflux brutal des commandes, de nombreux éleveurs ayant souhaité faire un stockage de précaution. Ce mouvement n’a cependant pas duré et un rééquilibrage a suivi rapidement. « Le secteur a bien fonctionné » s’est réjoui Jean-Luc Cade.
Une satisfaction d’autant plus légitime que la filière parvient à assurer la continuité à la fois en qualité et en quantité alors qu’elle a de nombreux motifs de préoccupation : les approvisionnements en matières premières, le transport, le cahier des charges des filières (surtout en non OGM), les capacités de paiement des acheteurs et les conditions de travail des salariés. Et qu’en raison de la forte interdépendance entre les secteurs, elle est secouée, depuis la mi-mars, par les multiples conséquences de la pandémie.
Des effets en cascade
A titre d’exemple, la réduction des activités due au confinement a entraîné une forte diminution de consommation de carburant. Rapidement, cela a provoqué une chute historique des prix du pétrole, à un niveau qui n’avait pas été atteint depuis près de vingt ans. Par conséquent, les agrocarburants ont connu un fort déficit de compétitivité et les firmes productrices ont drastiquement réduit la fabrication. Un phénomène qui pourrait sembler sans rapport avec l’élevage porcin mais qui est pourtant en lien avec lui parce qu’il a également entraîné une baisse des volumes de coproduits disponibles, les tourteaux, qui servent de matières premières aux aliments pour animaux.
« Face à ces difficultés, tous les maillons de la chaîne ont joué le jeu, notamment la filière oléagineuse, s’est félicité Jean-Luc Cade. Les formules ont été revues par les entreprises en assurant le niveau nutritionnel et de nouvelles solutions ont été construites. » Et s’il reconnaît que l’avenir est incertain, surtout pour les tourteaux de colza, il affirme cependant sans hésiter qu’il n’y a pas, à ce jour, de difficulté immédiate. Et pour ce qui est du long terme, il insiste sur le fait que la situation plaide pour que l’on garde « un sourcing diversifié ».
Concernant les importations de soja, « il n’y a pas de problème à ce jour car il y a assez de ressources dans le monde, a déclaré François-Christian Cholat, président du syndicat national de l'industrie de la nutrition animale (SNIA) ». Une situation satisfaisante à ses yeux, même s’il a concédé « quelques inquiétudes sur le non OGM ».
En revanche, l’augmentation des coûts du transport se répercute sur les coûts de production. Le marché des vitamines et des oligo-éléments, en particulier, est significativement affecté. Il l’est d’autant plus que la production de ces matières premières, presque totalement d’origine chinoise, connaissaient déjà des problèmes dès le début de la pandémie à cause de la fermeture des usines. Le prix de la biotine, par exemple, a été multiplié par huit. « Pour le moment, les prix des aliments pour animaux sont stables mais il y a un risque, à la longue, que les fabricants d’aliments se retrouvent pris en étau », a prévenu François-Christian Cholat.
« Les surcoûts de la continuité sont difficiles à évaluer aujourd’hui, a conclu Jean-Luc Cade, qui a confié que son « souci était d’éviter que la crise Covid-19 ne débouche sur une crise agricole ».