Une mise en pratique contraignante. Saisie pour évaluer les risques pour la santé animale et humaine que représenterait la réintroduction des protéines animales transformées (PAT) dans l’alimentation des animaux d’élevage, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a publié le 9 juillet son avis et son rapport d’expertise scientifique. En effet, les cas d’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) – ou maladie de la vache folle – étant devenus extrêmement rares en Europe, la Commission européenne a proposé aux États membres d’alléger, sous certaines conditions, la réglementation qui interdit leur utilisation. « Le projet de la Commission européenne actuellement à l’étude est d’autoriser l’utilisation de PAT issues de volailles dans l’alimentation des porcs, et de PAT de porcs dans celle des volailles. Les PAT sont exclusivement constituées de sous-produits d’animaux abattus pour la consommation humaine. Il est également envisagé d’autoriser des PAT d’insectes pour les porcs et les volailles », explique l’agence.
Se prémunir des contaminations croisées
« La démarche des experts de l’Anses a été d’identifier les situations à risque au cours desquelles des encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST), connues ou inconnues sur le terrain, pourraient être transmises, amplifiées et difficilement maîtrisables une décennie plus tard, à l’instar de ce qui s’est produit pour l’agent de l’ESB dans les années 1980 », rapporte Charlotte Dunoyer, cheffe de l’unité Évaluation des risques liés à la santé, à l’alimentation et au bien-être des animaux, à l’Anses. Pour les experts, le principal risque de transmission d’une EST serait une contamination croisée, c’est-à-dire de retrouver de façon fortuite dans l’alimentation d’une espèce des sous-produits animaux qui ne lui sont pas destinés. Pour éviter cela, l’agence recommande de séparer strictement par espèce l’ensemble des sites de la chaîne de production des PAT (abattoir, collecte des sous-produits, fabrication des PAT, usines de production d’aliments du bétail, transports). Une précaution qui risque de limiter leur réintroduction en France, car il semble peu probable que tous les abattoirs et les fabricants d’aliments composés pour animaux spécialisent leurs outils.
PAT d’insectes : éviter le transfert de microorganismes pathogènes et de métaux lourds
Concernant l’utilisation de PAT d’insectes dans l’alimentation des porcs et des volailles, l’Anses explique que les insectes présentent peu de risque de transmission des EST. En revanche, ils pourraient transférer aux porcs et aux volailles des microorganismes pathogènes et des contaminants chimiques. Pour éviter cela, l’agence recommande que la source de nourriture de ces derniers respecte la réglementation en vigueur pour l’alimentation des animaux d’élevage. Ils ne peuvent donc être nourris ni de déchets, ni de déjections. Ils doivent également être débarrassés du substrat sur lequel ils sont élevés avant d’être transformés en PAT. Une période de jeûne de 24 heures permettrait d’éliminer les éventuels contaminants susceptibles d’être présents dans l’intestin des insectes. « Enfin, certaines espèces peuvent accumuler des métaux lourds comme le plomb, le cadmium ou l’arsenic. La recommandation est donc de contrôler la présence de ces contaminants dans les PAT d’insectes », conclut l’Anses.