Invité en novembre à l’assemblée générale du groupement Porcinéo en Vendée, Daniel Planchenault, spécialiste du porc pour la société DSM Nutritional Products France, a rappelé le rôle joué par l’alimentation dans l’évolution récente des performances techniques en élevage porcin.
« L’aliment est l’un des six piliers de la santé et la performance de l’élevage, aux côtés de l’animal en lui-même, de son logement et de son microbisme, ainsi bien sûr que de l’éleveur et du respect de la conduite d’élevage, résume Daniel Planchenault. Entre 1990 et 2020, la quantité d’aliment nécessaire pour engraisser un porc charcutier de 115 kg vif, est passée de 269 à 220 kg. »
Précision des apports, limitation du gaspillage
L’efficacité alimentaire progresse à un rythme de 0,02 à 0,04 point par an en quantité de muscle déposé par quantité d’aliment consommé. Cette amélioration résulte en grande partie de la sélection génétique des porcs.
L’évaluation nutritionnelle des aliments et la précision des apports en fonction des besoins des animaux (alimentation biphase, multiphase) contribuent aussi à ce résultat, ainsi qu’à la limitation des gaspillages et des rejets.
Certains additifs (probiotiques, extraits végétaux) visent également à orienter favorablement la flore digestive. De plus, une nutrition appropriée, notamment l’apport de vitamines et minéraux, aide à minimiser l’incidence des maladies en renforçant l’immunité. « Chez les porcelets par exemple, le développement de la robustesse permet d’envisager des aliments premier âge à 15 % de protéines plutôt que 19 %, et des sevrages non médicamenteux », souligne Daniel Planchenault.
La demande en protéine progresse
Selon le spécialiste porc de DSM, on peut s’attendre à de nouvelles améliorations dans l’alimentation animale des années à venir. Elles sont même indispensables. « Au niveau mondial, la demande en protéines animales va continuer à progresser mais pas les terres disponibles pour produire des céréales et du soja, estime-t-il. L’élevage doit en même temps réduire ses émissions de gaz à effet de serre, et le secteur de l’alimentation animale doit faire sa part. »
Des matières premières plus locales et plus diversifiées
Les matières premières utilisées demain pour l’alimentation animale seront donc peut-être plus locales et plus diversifiées, comprenant notamment davantage de coproduits (son de céréale par exemple). Ainsi, une enzyme comme la xylanase permettant de mieux digérer les fibres peut contribuer à valoriser plus efficacement les ressources et à réduire l’empreinte carbone de l’alimentation. De son côté, l’utilisation de la phytase permettrait d’éliminer presque complètement la supplémentation en phosphore inorganique dans l’alimentation des porcs et d’économiser des millions de tonnes de phosphate naturel.
Le recours à la productivité et aux nouvelles technologies
Selon une étude de la FAO, la réduction des émissions de gaz à effet de serre en élevage est possible si de bonnes pratiques sont mises en œuvre. Ainsi, en adoptant les méthodes des dix centiles de producteurs ayant les émissions les plus faibles (gains de productivité et d’assimilation des nutriments), la réduction pourrait atteindre 24 % en élevage porcin à production constante. Pour Daniel Planchenault, l’usage des nouvelles technologies contribuera également à optimiser la production : individualisation de l’alimentation, surveillance par capteurs, etc.
DSM dont la filiale française et le site industriel sont basés en Alsace, fabrique des additifs pour l’alimentation animale et humaine, la cosmétique et la pharmacie (vitamines, caroténoïdes, minéraux, peptides, prémélanges).