Plan protéines végétales : assurer une autonomie française

7 décembre 2020 - Florent HOFMANN

Le 1er décembre dernier, le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a annoncé un plan protéines végétales axé autour de trois priorités pour réduire la dépendance aux importations, améliorer l’autonomie alimentaire et développer l’offre de produits locaux.

Crédit photo : adobe Stock

La France n’est pas assez autonome dans sa production de protéines végétales. A ce jour, elle ne produit que la moitié des matières riches en protéines nécessaires à l’alimentation des animaux (tourteaux de soja, de colza ou de tournesol, etc.). Trop peu aux yeux du gouvernement. Pour remédier à cela, Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, et les représentants de la filière huiles et protéines végétales et des filières d’élevage ont présenté une charte d’engagement prévoyant une augmentation de 40 % sur les trois prochaines années grâce aux financements du plan France Relance (prévu quant à lui sur 10 ans). Un plan axé sur trois priorités a d’ores et déjà été lancé pour :

  • Réduire la dépendance de la France aux importations de matières riches en protéines, notamment le soja importé de pays tiers. Un enjeu de souveraineté nationale, mais aussi un défi environnemental car les cultures de soja peuvent être responsables de la déforestation, de la dégradation forestière et de la destruction d’écosystèmes naturels dans certains pays producteurs.
  • Améliorer l’autonomie alimentaire des élevages, à l’échelle des exploitations, des territoires et des filières pour assurer des débouchés supplémentaires aux agriculteurs ; leur permettre de répondre à de nouveaux marchés et diminuer leur exposition à la fluctuation des cours mondiaux des céréales.
  • Développer une offre de produits locaux en matière de légumes secs (lentilles, pois chiche, haricots, fèves, etc.)

« Actuellement, près d’un million d’hectares sont semés avec des espèces riches en protéines végétales (soja, pois, légumes secs, luzerne, légumineuses fourragères...). Les surfaces semées avec ces espèces vont augmenter de 40%, soit plus 400 000 ha. D’ici 2030, les surfaces seront doublées pour atteindre 8% de la surface agricole utile, ou 2 millions d’hectares », avance le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation dans son communiqué du 1er décembre.

L’annonce du plan de protéines végétales a reçu un accueil mitigé de la part des membres de la filière. C’est le cas de la Confédération Paysanne (CP) qui, dans un communiqué du 1er décembre également, se dit d’abord satisfaite de « constater la prise de conscience unanime du Ministère et de toute la filière quant à l’importance et à la nécessité de l’autonomie des fermes sur ce sujet. » Mais qui regrette malgré tout que « cette présentation ne dise rien des difficultés et des impasses liées à l’ultra spécialisation des territoires et l’intensification des élevages. » La CP préférerait mettre en avant un schéma humain de circuit-court : « L’autonomie ne se gagne pas par un renforcement des équipements mais par un changement des pratiques. […] La CP refuse qu’un centime aille dans la sélection par biotechnologie. La meilleure protéine est celle produite à la ferme avec des moyens paysans. Les financements doivent aller à ces systèmes de production et la recherche des instituts techniques orientée en ce sens. »

De son côté, dans un communiqué, la Coopération Agricole se réjouit de cette initiative, mais émet deux points de vigilances :  cela doit « s’inscrire dans une logique de flux tirés en s’assurant de répondre aux demandes des différents marchés et doit pousser cette stratégie au niveau européen, notamment au travers des outils de la PAC, afin de s’organiser collectivement entre Etats membres pour éviter les distorsions de concurrence. »

Pour rappel, une enveloppe de 100 millions d’euros a été dédiée pour le plan de relance dont voici la répartition : structuration des filières (50 M€), actions de recherche développement innovation (20 M€), investissements et achats de semences (20 M€), innovation dans les entreprises en matière d’obtention variétale et de développement de nouvelles formes de protéines (7 M€), promotion de la consommation de légumes secs (3 M€).

 

Porcmag - Formules d'abonnement

AU CŒUR DE LA FILIÈRE PORCINE

● La richesse des reportages terrain et des dossiers thématiques
● Les conseils des meilleurs experts en technique et en gestion
● De nombreux retours d'expérience et solutions pratiques

Profitez d'une offre découverte 3 mois