SCEA Pormizian et Sanders : Un aliment spécial verraterie

25 janvier 2021 - Estelle POLETTE DE OLIVEIRA

Sanders a imaginé un aliment spécifique aux besoins des truies en verraterie. Yvan Rault l’a testé en avant-première et semble satisfait de l’amélioration d’homogénéité observée. Un nouvel aliment qui s’intègre dans la gamme Karmaline, fraîchement retravaillée.

Yvan Rault, responsable de la SCEA Pormizian et Didier Michel, correspondant aliment porc Sanders

Mickaël Binet, animateur technique Sanders

« Nous sommes des artisans à l’écoute du terrain », se plaît à dire Didier Michel, correspondant aliment porc Sanders. Et il est vrai que le dernier né de la firme en est un bon exemple. L’aliment Proly Qualy a en effet été réfléchi suite aux remontées des techniciens et à la sollicitation d’un éleveur en particulier, Yvan Rault, responsable de la SCEA Pormizian, maternité collective de 800 truies située à Hemonstoir (22). « Tous nos indicateurs techniques étaient au vert ici. Le seul que l’on pouvait encore  améliorer était le taux de pertes sur nés vif. Et pour cela, il fallait obtenir des porcelets d’une meilleure qualité à la naissance.  C’est un facteur particulièrement important également pour valoriser un maximum d’animaux dans le cahier des charges sans  antibiotique dès la naissance auquel nos post-sevreurs engraisseurs adhèrent, mais aussi pour garder plus de porcelets  sous les mères plutôt que de les placer en nounou (N.D.L.R. : environ 1 %) », explique l’éleveur. Et Mikaël Binet, animateur  technique Sanders de poursuivre, « le poids moyen des nouveau-nés était correct, mais il y avait trop souvent des porcelets de moins de 800 g dans les portées de plus de 15 nés vivants. La problématique était donc de réduire l’amplitude des poids, sans  dégrader les bonnes performances observées par ailleurs. »

UN SILO SUPPLÉMENTAIRE

« Nous avons échangé sur ce qui était possible de réaliser : l’élevage étant en soupe avec un circuit spécifique en verraterie, il était facilement envisageable de récupérer un silo pour intégrer un nouvel aliment. De cette manière, les éleveurs n’auraient  eu aucune manipulation à ajouter à leur quotidien », se souvient Didier Michel. Ainsi, après avoir pallié les différentes   contraintes industrielles, les nutritionnistes Sanders ont élaboré une formule d’aliment spécialement conçue pour les reproductrices en verraterie. « L’hétérogénéité débute très tôt pendant la gestation et les besoins s’avèrent spécifiques avant même l’insémination, aussi bien pour retaper les truies que pour optimiser la ponte ovulaire et le bon développement des embryons. Nous avons donc gonflé l’énergie nette de 0,5 MJ pour atteindre 9,6 MJ, ainsi que les ratios d’acides aminés (+5 %). Du côté de la micronutrition, nous avons ajouté un antioxydant spécifique et d’autres plus communs, permettant un panachage et un effet dose. L’objectif est d’obtenir une protection des tissus d’accueil des embryons et donc leur protection contre le stress oxydatif », détaille l’expert.

En verraterie, les reproductrices reçoivent le nouvel aliment Proly Qualy à raison d’environ 100 kg sur 35 jours de présence.

DES COURBES CONSERVÉES

C’est en février 2020 que la SCEA de Pormizian a reçu sa première livraison du nouvel aliment Proly Qualy, à distribuer à toutes les truies de la verraterie. Si auparavant c’était un mélange de 40 % d’aliment lactation et de 60 % d’aliment gestation qui était distribué en bloc saillie, le niveau énergétique est resté constant. Aucun ajustement du plan d’alimentation n’a donc été nécessaire. Après un flushing, les femelles, allotées par vanne et par gabarit, reçoivent une ration ajustée entre -5 et + 10 % autour d’une quantité moyenne de 2,9 kg jusqu’à leur arrivée en salle gestante, soit 35 jours après le sevrage. Elles ont ensuite 2,6 kg d’un aliment gestante jusqu’au 70e jour de gestation, puis 3,1 kg du même aliment jusqu’à leur entrée en maternité.
Les premières mises bas découlant de ce changement de stratégie nutritionnelle se sont déroulées mi juin 2020. « Nous avons tout de suite observé une différence : le delta de poids des nouveau-nés s’est réduit. Nous avons moins de porcelets chétifs, donc une surveillance moins intense à porter, mais aussi un nombre plus faible de très gros, ce qui s’est avéré bénéfique pour faciliter les mises bas », détaille l’éleveur, ravi du gain d’homogénéité. Des observations qui n’ont malheureusement pas pu être validées par des chiffres puisque le premier confinement de 2020 a perturbé les séries de pesées de porcelets à la naissance prévues pour établir un état des lieux d’avant ajustement. Seules celles post changement nutritionnel ont été réalisées et comparées aux résultats d’autres élevages aux conditions similaires (voir graphique).

UNE SÉRÉNITÉ RETROUVÉE

Yvan Rault évoque aussi « des mises bas plus toniques qui nécessitent moins d’interventions. Nous avons d’ailleurs réduit l’utilisation d’ocytocine. Cela pourrait venir du fait que les porcelets sont plus vigoureux : puisqu’ils vont plus rapidement à la tétée, ils stimulent sans doute mieux la libération endogène de cette hormone ». Par ailleurs, tous les indicateurs de  performances sont restés stables ou se sont légèrement améliorés (voir tableau), y compris la médication, qui était pourtant déjà à un niveau très faible ici. Au sevrage, les animaux sont, de fait, plus homogènes. « Avec des porcelets plus beaux à la naissance, le travail est clairement facilité ce qui permet de retrouver de la sérénité », conclut l’éleveur, satisfait que ses attentes aient été entendues.

Si les poids moyens sont identiques, l'amplitude de leur répartition s'est resserrée, reflétant une meilleure homogénéité des nouveaux-nés

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Nouvelle gamme Karmaline: un travail en trois axes

L’équipe nutrition porc Sanders Bretagne avec, de gauche à droite, Romain Poyac, responsable d’activité porc Grand Ouest, Camille Azalbert, formulatrice porc, Didier Michel, correspondant aliment porc et Philippe Bergot, manager de territoire et responsable porc du Finistère.

Si les petits ajustements des formules aliments sont constants chez Sanders, en 2020, c’est la gamme Karmaline pour les truies qui a bénéficié d’une remise à plat en fonction des remontées du terrain. La nouvelle gamme se décompose maintenant en quatre packs visant chacun des propriétés spécifiques : Hyper Proly pour les truies à haute prolificité, Proly Protec pour l’amélioration des performances des porcelets et des truies, Noury Appetit pour stimuler le démarrage en lactation et Noury Transit pour contribuer à limiter les réactions liées au stress en maternité, avec notamment une meilleure maîtrise des endotoxicoses. « Nous avons amélioré nos produits selon nos trois axes de travail : la micro et la macro-nutrition, et le recettage », explique Didier Michel, correspondant aliment porc Sanders Bretagne. Le premier fait appel à des additifs spécifiques selon l’objectif du produit (antioxydants, probiotiques, vitamines…), le second a permis de revoir les niveaux d’énergie, de cellulose ou d’acides aminés, tout particulièrement dans le Pack Hyper Proly afin d’améliorer la qualité des porcelets chez les truies hyperprolifiques. Enfin, le troisième s’est attaché à trouver les meilleures matières premières possibles pour optimiser l’appétence et assurer sa continuité au fil des stades physiologiques. Trois axes nutritionnels auxquels s’ajoutent les contraintes d’ordre industrielles et de sécurité pour les opérateurs. « Nous raisonnons les truies comme des porcelets et non pas comme des porcs charcutiers. Généralement les nutritionnistes se basent sur des besoins moyens pour créer leurs recettes. Nous, nous préférons nous caler sur les 15 % de truies difficiles à gérer. De cette manière, nous réduisons les manques et ainsi les pertes de performances qui y sont associées », détaille le nutritionniste.
Par ailleurs, cette année, deux aliments spécifiques ont également rejoint la gamme Karmaline : les Noury Top et Proly Qualy. Le premier est un aliment de lactation destiné aux truies sevrant plus de 15 porcelets. Le second un aliment à distribuer en verraterie testé à la SCEA Pormizian (voir ci-contre). Pour les élevages qui ne peuvent disposer d’un silo supplémentaire, il existe également en version « complément nutritionnel » à incorporer à la ration en top feeding. « Dans les élevages, avec le challenge de la productivité, ces investissements peuvent s’intégrer plus facilement. Aujourd’hui, de plus en plus d’éleveurs nous interrogent sur la nutrition de demain afin de prévoir des équipements adaptés. Nous pourrons donc mieux cibler les besoins de chaque stade physiologique », termine Didier Michel.

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