EARL du Grand Hêtre (56)

Une ration des truies augmentée dès 82 jours de gestation

Augmenter plus précocement les quantités d’aliment allouées aux truies en fin de gestation a permis à Sébastien Le Bellec, naisseur-engraisseur à Lignol (56), de sevrer davantage de porcelets et à un poids supérieur.

Près de 0,6 porcelet en plus et 8,5 kg supplémentaires sur la balance par portée au sevrage à 21 jours. Voici les très belles améliorations obtenues par Sébastien Le Bellec, gérant de l’EARL du Grand Hêtre à Lignol (56), notamment* grâce à la réalisation d’une modification sur son plan d’alimentation des truies en février 2021 : l’augmentation plus précoce des quantités d’aliment distribuées en fin de gestation. Et cela avec seulement deux aliments (gestante et allaitante) utilisés pour les reproductrices, mais tout de même deux menus différents pour les truies gestantes avec une formule « été » (Gestalib, Coréal) et une « hiver » (Gestalib HP, Coréal) plus riche en énergie. Au total, l’éleveur applique six courbes pour ses reproductrices, en fonction de leur parité, de leur note d’épaisseur de lard dorsal (ELD) – mesurée au sevrage, à la mise en groupe et à l’entrée en maternité - et de leur gabarit : une pour les primipares, une pour les multipares « normales » (note d’ELD entre 13 mm et 15 mm) en été et une pour ces mêmes truies en hiver, une pour les multipares « grasses » (note d’ELD de 16 mm et plus) en été et une pour ces mêmes reproductrices en hiver, ainsi qu’une pour les multipares « maigres » (note d’ELD de 12 mm et moins) (voir graphique).
 



Suivre au mieux les besoins

« En février 2021, sur le conseil de Yann Joncourt, technico-commercial chez Coréal qui nous suit concernant l’alimentation des truies, nous avons commencé à augmenter les quantités d’aliment apportées en fin de gestation plus tôt, à 82 jours de gestation au lieu de 91 jours », rapporte l’éleveur. D’après Eric Schetelat, responsable porc pour les solutions intégrées chez Wisium et à l’origine de ce conseil, « avant d’imaginer de distribuer davantage d’aliments différents, une façon assez simple de faire du multiphase en élevage est de bien suivre les besoins des animaux. En commençant la suralimentation à 91 jours de gestation, il est sans doute un peu tard pour maximiser le développement du fœtus et de la glande mammaire. En la démarrant plus tôt dès 75 jours de gestation, on améliore le poids de sevrage des porcelets. Ceci est certainement dû à l’effet combiné d’une augmentation de leur poids de naissance et d’une production laitière des truies supérieure, probablement en lien avec le développement plus précoce de la glande mammaire. En outre, cela évite de se retrouver sur des niveaux d’alimentation quotidiens de l’ordre de 3,6 kg par truie en fin de gestation et donc d’engorger le foie. De quoi favoriser un meilleur appétit des reproductrices en lactation et ainsi augmenter leur production laitière ». Dans l’idéal, Wisium recommanderait même de réaliser deux paliers ; un à 3 kg / truie / jour de 75 à 90 jours de gestation et le suivant à 3,3 kg / truie / jour jusqu’à la mise bas.

Une seule portée de petits

De son côté, Yann Joncourt rappelle que la consommation d’eau est également cruciale pour une bonne production laitière : « Si on veut qu’une truie mange, il lui faut de l’eau. Mais il ne faut pas trop diluer l’aliment, sinon elle ne mangera pas assez et puisera dans ses réserves pour faire du lait, qui ne sera pas de bonne qualité. » A l’EARL du Grand Hêtre, le taux de dilution de la soupe distribuée en verraterie et en salle gestante matin et soir est de 4 l / kg d’aliment. Les truies bénéficient également d’un repas d’eau le midi et une pipette est mise à leur disposition en salle gestante. En maternité, elles ont accès à une pipette et la semaine de la mise bas, un apport d’eau complémentaire au tuyau est réalisé matin et soir.



Ainsi, en amont de la mise bas, Sébastien Le Bellec et son équipe ont effectivement observé une préparation mammaire plus précoce. « La descente de la mamelle a lieu dès trois semaines avant la mise bas aujourd’hui, même chez certaines cochettes », commente-t-il. Et de poursuivre : « Les portées nous paraissent davantage homogènes à la naissance. Les porcelets sont plus beaux et plus vigoureux. Lors des adoptions deux jours après la mise bas, nous ne réalisons généralement plus qu’une portée de petits, contre quatre auparavant, et ceux-ci sont également davantage vigoureux. Cela se retrouve au sevrage, avec de moindre pertes sous la mère et donc un nombre supérieur de porcelets sevrés par portée mais aussi un poids plus élevé. » (voir tableau) Curieux de connaître l’effet qu’aurait un démarrage de la suralimentation dès 75 jours de gestation, l’éleveur souhaiterait désormais tester des courbes proposant une progression journalière des quantités à partir de ce stade. E.T.
* Changement de génétique en truie débuté fin 2018.

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