Allemagne : la PPA détectée en élevage

19 juillet 2021 - Estelle POLETTE DE OLIVEIRA

Alors que les cas étaient jusque-là contenus à la faune sauvage, trois petites exploitations porcines allemandes ont été touchées la semaine dernière par la peste porcine africaine. Si pour le moment ces découvertes n’impactent pas plus la vente de viande porcine allemande en Europe, l’inquiétude monte d’un cran.

La peste porcine africaine (PPA) est entrée dans la sphère domestique en Allemagne. Le laboratoire national de référence Friedrich-Loeffler-Institut (FLI) a confirmé le 16 juillet la présence de cette pathologie dans deux sites puis un troisième à proximité de la frontière avec la Pologne : un dans le district de Spree-Neisse et deux dans le district de Märkisch-Oderland.

-    Points bleus clair : les fermes infectées par la PPA en 2020 (103 en Pologne) ;
-    Points bleus foncé : les fermes infectées par la PPA en 2021 (24 en Pologne, 3 en Allemagne) ;
-    Point rouge : cas de PPA sur sangliers

 

Avec 200 porcs, l’exploitation du district de Spree-Neisse est la plus grande des trois. Les animaux ont tous été abattus. D’après le média agricole allemand Top Agrar et via Pig Progress, cette exploitation en agriculture biologique avait la possibilité d’élever ses truies en extérieur mais aurait toujours respecté les exigences du bureau vétérinaire responsable en matière de biosécurité. C’est dans le cadre d’une surveillance de routine que le virus aurait été détecté sur un porc mort.

Concernant les deux autres sites infectés dans le Märkisch-Oderland, seuls quelques porcs étaient élevés en bâtiment : deux pour le premier signalé le 15 juillet et quatre deux jours plus tard dans le second.

Un appel au respect des règles de biosécurité

Dans un communiqué de presse, la ministre de la protection des consommateurs du Brandebourg, Ursula Nonnemacher évoque « des actions rapides et cohérentes » de la part des autorités locales. « Il est maintenant important que nous trouvions rapidement la cause de l'entrée de cette pathologie dans la population porcine afin de connaître la route empruntée par le virus. Les investigations nécessaires ont été lancées et sont soutenues par le groupe de travail de l'Etat de Brandebourg et des spécialistes du FLI, à qui nous avons immédiatement demandé de l'aide. Le fait que les cas aient apparemment été trouvés rapidement montre que la surveillance des maladies animales fonctionne », explique la ministre. Et de poursuivre : « À l'heure actuelle, une clôture permanente le long des rivières frontalières Oder et Neisse a été achevée. […] Je voudrais donc appeler tous les éleveurs porcins à continuer de respecter strictement les mesures de biosécurité, en particulier dans les très petites exploitations, afin d'éviter de nouvelles épidémies dans les élevages porcins nationaux."
Par ailleurs, le Dr Torsten Staack représentant l'organisation allemande des éleveurs de porcs a demandé de rester calme, expliquant que les exploitations concernées sont situées dans les zones de restriction déjà existantes. Par conséquent, la situation des éleveurs de porcs allemands ne devrait pas changer de manière significative.

La régionalisation se poursuit

Pour rappel, la PPA est présente en Allemagne dans la faune sauvage depuis septembre 2020. En Pologne, elle sévit depuis 2014, avec une aggravation de la situation depuis novembre 2019, lorsqu'un nouveau cluster est apparu dans l'ouest de la Pologne. Depuis fin juin 2021, 22 élevages porcins (principalement de petite taille) ont été trouvés infectés, dont 14 dans l'ouest de la Pologne.

Alors que la filière porcine allemande était déjà à la peine, la découverte de la PPA dans le cheptel porcin domestique est un nouveau coup dur. D’après le ministère fédéral allemand de l'Agriculture (BMEL) via Top Agrar, « le principe de régionalisation continue de s'appliquer au niveau du commerce européen, ce qui signifie qu'il n'y a actuellement aucun changement pour les marchés de vente allemands dans l'UE.» Concernant les exportations vers les pays tiers, l'Allemagne était déjà bloquée chez un grand nombre d’entre eux à cause de la PPA chez le sanglier. Par ailleurs, l’offre en porcs charcutiers serait particulièrement faible, atteignant le niveau de 2007, un creux historique. Une baisse de production qui n’a pas incité les prix allemands à remonter et les éleveurs perdraient à l’heure actuelle entre 30 et 40 € par animal.

 

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