Diversifier sa conduite sans pénaliser la santé des animaux
La diversification des modes de conduite, si elle peut être bénéfique en termes de santé et de bien-être, peut aussi comporter des risques. Anne Hémonic, vétérinaire à l’Ifip, s’est efforcée, lors de la 6e journée d’échanges sur la filière porcine le 3 décembre dernier, de dresser un panorama des conséquences possibles d’un changement de modalités d’élevage.
Un cochon heureux et en bonne santé. C’est ainsi que l’on pourrait résumer les attentes sociétales autour de la filière porcine. Et cela concerne tout autant les soins donnés aux animaux que les conditions de leur logement. Porc sur paille et accès au plein air sont fréquemment plébiscités par le grand public. Mais l’évolution de ces modalités d’élevage, si elles entraînent effectivement un mieux-être, impliquent des modifications de fond dans la gestion de la santé des porcs. Anne Hémonic, vétérinaire à l’Ifip, a exposé les points forts et sujets de vigilance de chacune des modalités.
De la paille et du grand air
Pour peu qu’elle soit propre, sèche et en quantité suffisante, la litière est un facteur de bien-être. Non seulement elle permet à l’animal d’exprimer son comportement naturel, mais elle préserve aussi la santé des aplombs. Pour Anne Hémonic, « elle implique en outre une baisse de la densité dans l’élevage, grâce à laquelle la gestion sanitaire est plus facile ». Il est cependant nécessaire de rester vigilant, pour que la litière elle-même ne soit pas cause de maladie. La paille peut être un vecteur de mycotoxines et elle est susceptible de transmettre des agents pathogènes : des salmonelles et des ascaris, en cas de présence de matières fécales, et des leptospires s’il y a des rongeurs. Elle peut également introduire dans l’élevage des pathologies extérieures, tels que le SDRP ou la PPA. Il est donc indispensable de chercher à maîtriser les risques par de bonnes conditions de récolte et de stockage et, lorsqu’elle est achetée, par le contrôle de sa provenance.
Perçu comme plus naturel, un bâtiment permettant un accès à l’extérieur (avec des ouvertures ou des courettes) ou même en plein air complet, apporte effectivement un bien-être à l’animal. La qualité de l’air est meilleure, il y a moins de pression d’infection et probablement moins de troubles respiratoires. Il existe toutefois un risque de transmission d’agents pathogènes, par voie aérienne ou par contact avec la faune sauvage. H1N1, salmonelle, virus de la PPA, trichine… Une recherche de trichine est d’ailleurs obligatoire sur les carcasses de porcs élevés en plein air.
Dès qu’il y a un accès au plein air, il est impossible de maîtriser totalement la biosécurité, puisque les oiseaux et les rongeurs peuvent se retrouver au contact des porcs. C’est pourquoi, face au danger représenté par la PPA, des systèmes anti-intrusion et anti-contact devront être installés impérativement avant le 21 janvier 2021. Et en tout état de cause, si l’on veut conserver un élevage à très haut statut sanitaire, les bâtiments avec accès en plein air ne sont pas envisageables.