PPA : mutation du virus en Chine
Alors que la Chine se relève difficilement de l’épidémie de peste porcine africaine qui a décimé près de la moitié de son cheptel, la situation se complique encore avec l’apparition d’un variant du virus.
La filière porcine chinoise commençait à reprendre le dessus, mais c'était sans compter l’apparition d’un nouveau virus. En 2019, l’Empire du Milieu a été frappé de plein fouet par la PPA. Une épidémie qui avait poussé les autorités à décimer près de la moitié du cheptel chinois. Et alors que le pays semblait se refaire une santé à coup d’importations et d’investissements colossaux dans la construction d’élevages géants, un variant du virus de la PPA vient d’être détecté dans certaines exploitations.
Un vaccin qui dégénère
La mutation n’est pas apparue comme par magie. Selon plusieurs vétérinaires basés à Pékin, le variant proviendrait d’un vaccin « illégal » contre la PPA créé hors recherches officielles. « Il s’agit d’un virus vaccinal à double gène supprimé. Il n’est pas fiable et son efficacité n'est pas claire. Ce vaccin a des délétions dans le locus MGF360 et le locus CD2v qui affaiblissent le virus, mais ne le rendent pas inoffensif. Cela produit simplement une forme plus bénigne de la maladie », a expliqué le docteur Wayne Johnson, vétérinaire à Pékin, à Pig progress. D’après lui, s’il est courant que les virus mutent naturellement, ici ce n’est pas le cas. Par ailleurs, un facteur inquiète le vétérinaire : « Étant donné que le vaccin n'est pas approuvé officiellement, il n'y a pas d'informations fiables sur la quantité de vaccins utilisés, ni sur la prévalence du virus. » L’apparition de cette nouvelle souche pourrait davantage compliquer la situation de la PPA dans le pays.
Un vaccin à l’efficacité douteuse
A l’instar de tous les vaccins, même si celui-ci est « illégal », ce dernier induit la production des anticorps contre la PPA chez les porcs vaccinés. Cependant, les recherches menées ont démontré que certains cochons ne parvenaient pas à développer les anticorps. Ce manque d’efficacité remettrait en cause son utilisation. Néanmoins, le mal est fait et le virus variant, issu du vaccin, semble contagieux et se diffuse au sein des troupeaux malgré les vaccinations. En effet, les anticorps créés chez les porcs à la suite des injections ne seraient détectables qu’après deux à trois semaines laissant le temps au virus de se propager. Bien que ce vaccin ait été créé illégalement, la Chine poursuit ses recherches officielles afin de trouver un remède définitif contre la PPA.
De nombreux effets observés
Selon Wayne Johnson, qui a eu l’opportunité de l’étudier, le variant produirait des effets semblables au SDRP (Syndrome Dysgénésique et Respiratoire du Porc) chez les truies vaccinées : morts nés, momifications, infertilité et avortement. Il ajoute également que les nés vivants paraissent plus faibles que la normale et avec des chances de survie réduites. « Les porcs qui atteignent la fin de la croissance semblent excréter le virus vaccinal et le transmettre à d'autres porcs », conclut-il auprès de Pig Progress.